La rosacée (... malheureusement même chez les enfants)

Écrit par: Jacynthe
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Publié le: 21 février 2016
La rosacée (... malheureusement même chez les enfants)

 

 

Selon les études, plusieurs facteurs contribuent au développement de la rosacée. Des liens ont été établis avec des conditions intestinales, des micro-organismes et avec l’état immunitaire de la peau.

Alimentation

Malheureusement, le lien entre l’alimentation et la rosacée n’a pas fait l’objet de beaucoup de recherche. Par contre, on s’est rendu compte que plusieurs des aliments aggravants ont un index glycémique élevé. Des sites Internet rapportent d’ailleurs de bons résultats avec des diètes sans sucre, hypoglycémiantes ou encore anti-candida.

Pour limiter les poussées de rosacée, les recommandations diététiques les plus intéressantes sont donc les suivantes: (1)
    •    Éliminer les aggravants qui vous font réagir (essai/erreur). Un journal alimentaire est un bon outil pour cibler vos aggravants.
    •    Réduire la charge glycémique de votre alimentation (éviter les aliments sucrés et réduire de façon importante les féculents).
    •    Consommer des aliments riches en omégas 3, qui semblent conférer une certaine protection.

Une alimentation alcalinisante, donc plus riche en légumes et en fruits, devrait aussi, logiquement, améliorer l’état de la peau en réduisant l’inflammation. Certains naturopathes affirment obtenir des résultats importants chez leurs clients grâce à ce type de diète. (2)
Une diète favorisant un bon transit intestinal (riche en fibres, en prébiotiques et en probiotiques) améliore la santé intestinale et donc, probablement, celle de la peau.

Un lien intestinal?

Dysbiose

Déjà dans les années 70, des publications établissaient une connexion entre des variations de la muqueuse intestinale et plusieurs types de dermatites. (1,2)
Plus récemment, des chercheurs montrent un lien crédible entre la dysbiose (une colonisation intestinale par les mauvaises bactéries) et la rosacée. Ces chercheurs ont d’abord évalué des patients atteints de rosacée et les ont comparés avec des personnes contrôles. La dysbiose était présente chez 52/113 patients contre seulement 3/60 chez les contrôles. Ensuite, ils ont donné à 28 patients un antibiotique spécifique, la rifaximine (non disponible au Canada à l’heure actuelle), qui semble avoir la capacité d’éradiquer la dysbiose. 20 de ces patients ont vu leurs lésions disparaître et 6 ont eu une amélioration notable. Des 20 patients ayant reçu un placébo, 18 n’ont observé aucun changement et 2 ont subi une aggravation. Ceci semble confirmer la connexion entre la rosacée et la santé intestinale. (3)

H. pylori

Un autre rapprochement entre le système digestif et la rosacée apparaît avec l’Helicobacter pylori. Le H. pylori est cette bactérie colonisatrice de l’estomac qui est impliquée dans le développement des ulcères d’estomac et, potentiellement, du cancer. Plusieurs chercheurs ont établi un lien important entre le diagnostic de H. pylori (séropositivité) et la rosacée. De même, une éradication de la bactérie dans l’estomac entraîne souvent une amélioration des symptômes faciaux. (4)

Transit intestinal

En 2004, le Dr SN Kendall rapporte le cas qu’un patient atteint de rosacée qui a vu sa condition disparaître suite à l’amélioration de son transit intestinal. Ce patient, souffrait de constipation chronique (...). De plus, cette personne souffrait de migraines et de maux de tête qui sont aussi disparus. (...) L’auteur mentionne que ce «régime» (qui favorise le transit intestinal) a diminué les facteurs inflammatoires intestinaux et que cette réduction a entrainé l’amélioration cutanée. (5)

Ces publications nous permettent de présumer un lien entre une flore intestinale en mauvais état (dysbiose), la production de facteurs inflammatoires intestinaux et le développement de conditions d’inflammation cutanée comme la rosacée. Reste maintenant à déterminer les bons outils pour améliorer la santé intestinale et cutanée: alimentation, probiotiques, charbon activé, prébiotiques, autres suppléments? L’avenir le dira.

Des passagers clandestins

La peau est normalement colonisée par une multitude de bactéries et autres micro-organismes que l’on dit «commensaux». Ce terme signifie «organisme qui vit et se nourrit auprès d’un autre d’une espèce différente sans lui nuire» (Antidote). Dans plusieurs conditions de la peau, les follicules pileux sont colonisés par des micro-organismes non commensaux (moins gentils) qui provoquent des réactions inflammatoires. Par exemple, le Propionibacterium acnes se développe en présence d’acné et en augmente les symptômes en causant une réaction inflammatoire.

Dans le cas de la rosacée, deux étrangers ont été identifiés: une bactérie, le Bacillus oleronius, et un parasite acarien microscopique, le Demodex (Demodex folliculorum et D. brevis) (voir photo wiki https://fr.wikipedia.org/wiki/Demodex). Ces micro-organismes (bactérie et parasite) vivent en symbiose. Ils sont naturellement présents chez l’humain, mais leur population augmente chez les personnes atteintes de rosacée. Ces bibittes vivent dans le follicule pileux et sécrètent des substances générant l’inflammation qui provoque la rosacée. (6)

L’immunité cutanée

La rosacée semble se développer lorsque l’immunité cutanée est déficiente. En effet, l’inflammation est un des volets de l’immunité et plusieurs des mécanismes impliqués dans la rosacée seraient liés à des médiateurs de l’inflammation, les cathélicidines. Ces molécules sont des peptides (chaînes d’acides aminés) qui peuvent avoir des rôles pro-inflammatoires, vasodilatateurs, etc. (7) Non seulement les personnes atteintes de rosacée fabriquent-elles plus de ces médiateurs, mais ces derniers sont plus inflammatoires que ceux retrouvés chez des personnes en santé. (7)

Par contre, dans la même famille de molécules (cathélicidines), certaines ont des rôles bénéfiques: on en retrouve qui sont des médiateurs à la fois anti-inflammatoires et antibactériens. Ces molécules sont sous le contrôle de la vitamine D3. (8,9) Certains chercheurs suggèrent donc d’utiliser la vitamine D3, ou encore d’en optimiser les dosages sanguins (75-150nmol/L), pour contrôler l’expression de ces molécules et leur redonner la capacité de réduire l’inflammation et les colonies de pathogènes, comme les Demodex et le Bacillus oleronius. (10) Aucune étude clinique n’a encore été publiée sur ce sujet, mais la logique est très intéressante. Comme la vitamine D est très sécuritaire et qu’elle a de nombreux autres bienfaits, je n’hésiterais pas à la recommander même si son effet sur la rosacée n’est pas prouvé.

 

Références :

1. Scott Olson, Can an Alkaline Diet Help Rosacea? Sur www.dermaharmony.com
2. Emer J, Waldorf H, Berson D. Botanicals and anti-inflammatories: natural ingredients for rosacea.Semin Cutan Med Surg. 2011 Sep;30(3):148-55. doi: 10.1016/j.sder.2011.05.007. Review. PubMed PMID: 21925368.
3. Marks J, Shuster S. Small-intestinal mucosal abnormalities in various skin diseases–fact or fancy? Gut. 1970 Apr;11(4):281-91. PubMed PMID: 4246791; PubMed Central PMCID: PMC1411402.
4. Fry L. The gut and the skin. Postgrad Med J. 1970 Nov;46(541):664-70. Review.  PubMed PMID: 4250249; PubMed Central PMCID: PMC2467105.
5. Parodi A, Paolino S, Greco A, Drago F, Mansi C, Rebora A, Parodi A, Savarino V. Small intestinal bacterial overgrowth in rosacea: clinical effectiveness of its eradication. Clin Gastroenterol Hepatol. 2008 Jul;6(7):759-64. Epub 2008 May  5. PubMed PMID: 18456568.
6. Szlachcic A. The link between Helicobacter pylori infection and rosacea. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2002 Jul;16(4):328-33. PubMed PMID: 12224687.
7. Kendall SN. Remission of rosacea induced by reduction of gut transit time. Clin Exp Dermatol. 2004 May;29(3):297-9. PubMed PMID: 15115515.
8. Jarmuda S, O’Reilly N, Zaba R, Jakubowicz O, Szkaradkiewicz A, Kavanagh K. The potential role of Demodex folliculorum mites and bacteria in the induction of rosacea. J Med Microbiol. 2012 Nov;61(Pt 11):1504-10. doi: 10.1099/jmm.0.048090-0. PubMed PMID: 22933353.
9. Yamasaki K, Gallo RL. Rosacea as a disease of cathelicidins and skin innate immunity. J Investig Dermatol Symp Proc. 2011 Dec;15(1):12-5. doi: 10.1038/jidsymp.2011.4. Review. PubMed PMID: 22076322.
10. Dombrowski Y, Peric M, Koglin S, Ruzicka T, Schauber J. Control of cutaneous antimicrobial peptides by vitamin D3. Arch Dermatol Res. 2010 Aug;302(6):401-8. Epub 2010 Mar 10. Review. PubMed PMID: 20221619.
11. Antal AS, Dombrowski Y, Koglin S, Ruzicka T, Schauber J. Impact of vitamin D3  on cutaneous immunity and antimicrobial peptide expression. Dermatoendocrinol. 2011 Jan;3(1):18-22. PubMed PMID: 21519404; PubMed Central PMCID: PMC3051848. Texte complet gratuit
12. Schauber J, Gallo RL. The vitamin D pathway: a new target for control of the skin’s immune response? Exp Dermatol. 2008 Aug;17(8):633-9. Epub 2008 Jun 28. Review. PubMed PMID: 18573153; PubMed Central PMCID: PMC2729115.

 

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