Équilibre hormonal et plantes médicinales

Écrit par: Jacynthe
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Publié le: 6 juillet 2015
Équilibre hormonal et plantes médicinales

Parce que les hormones en disent long sur la santé des femmes, la ménopause est souvent perçue comme une étape redoutable pour la majorité d’entre elles. Crises relationnelles, irritabilité et changement d’humeur, prise de poids, chaleurs et transpirations spontanées, fatigue et insomnie, perte de mémoire, maladie cardiovasculaire, ostéoporose, perte d’intérêt pour la sexualité et sécheresse vaginale sont parmi les conditions qui accompagnent ce déficit hormonal. Devant un tel éventail de répercussions physiques et psychologiques, il peut sembler difficile de développer une vision positive de la ménopause. Cependant, la nature étant ce qu’elle est, généreuse et bienveillante, nous offre des alternatives hormonales non-négligeables qui sauront tempérer cette période transitoire.

 

Actée grappes noires (Cimicifuga racemosa)

 

L’actée est l’une des premières plantes que les ouvrages abordent lorsqu’il est question de ménopause. Son efficacité est soutenue par une abondance d’études et de preuves cliniques, scientifiquement valables. Elle est loin devant dans la course pour l’amélioration des symptômes de la ménopause et rivalise sérieusement avec l’hormonothérapie de substitution, en plus d’être exempte d’effets secondaires. L’actée mérite donc une attention particulière.

La science ne statue pas encore sur la molécule responsable de son action thérapeutique. Certains auteurs mentionnent la formononétine, offrant une similarité estrogénique, alors que d’autres suspectent les glycosides triterpéniques, démontrant une action modulatrice sur l’hypophyse. Sa consommation quotidienne comblerait donc, en partie, le déficit hormonal et améliorerait le tableau clinique en général; bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, humeur instable et transpiration nocturne.

Bien que l’actée agisse similairement à un estrogène, on remarque qu’elle se comporte intelligemment. Elle démontre une compatibilité presqu’exceptionnelle pour les récepteurs estrogéniques de cellules saines, avec une préférence pour les récepteurs cellulaires bêta que l’on ne retrouve pas dans le tissu mammaire. L’actée aurait donc un tropisme spécifique et présenterait une totale innocuité pour les personnes prédisposées au cancer du sein. L’actée ne semble pas, non plus, stimuler le tissu utérin. Son action se concentrerait davantage sur les récepteurs estrogéniques que l’on retrouve dans le cerveau et les os, supportant, par le fait même, la santé cognitive et la densité osseuse. Sage et normalisante, elle saura être active et protectrice tout à la fois.

Concernant son action sur les bouffées de chaleur, une hypothèse, qui tend à être de plus en plus validée, mentionne une action sérotoninergique de la plante (vasoconstriction). Cette action est tenue responsable d’équilibrer la température corporelle, réduire l’anxiété, tout en favorisant la bonne humeur et un meilleur sommeil! Lors de ménopause chirurgicale, l’actée à grappes noires représente une très bonne option afin de diminuer la chute hormonale et la dépression qui suit l’ablation des ovaires. Cependant, pas besoin d’attendre la ménopause pour profiter des bons soins de l’actée. Son action hormonale et antispasmodique permet aussi de détendre les crampes abdominales et les douleurs liées à l’endométriose. L’actée améliore globalement la circulation sanguine utérine. On pense qu’elle pourrait aussi favoriser une montée de libido.

L’actéine, une autre molécule importante que l’on retrouve dans cette plante, joue un rôle hypotenseur et calmant, faisant de l’actée à grappes noires un choix judicieux pour réduire l’hypertension et les palpitations cardiaques qui accompagnent souvent la ménopause.

Pas besoin de faire preuve de grande patience pour en ressentir les bienfaits. Quatre semaines seulement seront nécessaires pour commencer à sentir ses effets, ce qui est peu lorsqu’on traite une condition endocrinienne. Bien malheureusement, ses bénéfices ne seront pas éternels, mais ils permettront à plusieurs de souffler un bon bout de temps!

 

Trèfle rouge (Trifolium pratense)

 

Cette plante est un autre atout de taille pour un organisme en recherche d’efficacité! Riche de ses isoflavones et de son abondance nutritive, elle saura faire une différence au quotidien. Les isoflavones sont une famille moléculaire démontrant des affinités hormonales spécifiques. On les dit mimétiques, dans le sens qu’elles adoptent le même comportement que nos précieuses hormones. Ainsi, le trèfle rouge est une plante estrogéniquement intéressante! Une tasse d’infusion de trèfle rouge contient, en effet, dix fois plus de phytoestrogènes qu’une tasse de soya, aliment le plus fréquemment cité comme source d’isoflavones. L’avantage du trèfle est qu’il ne contient aucune molécule imposante, ainsi, il agira tout en douceur… comme une bouffée de fraicheur que les femmes ménopausée sauront apprécier!

Tout comme l’actée à grappes noires, le trèfle rouge viendra combler une carence hormonale tout en protégeant les cellules et organes sains. Sa consommation n’entraine aucune prolifération maligne tant sur l’endomètre, les ovaires ou dans le tissus mammaire. On ne connait pas encore son réel mode de fonctionnement. Le trèfle ne semble pas influencer directement les sécrétions hormonales, cependant, le confort qu’il entraine témoigne de son influence positive sur l’organisme.

Profondément nourricier, le trèfle n’épuisera jamais qui la consomme! Bien au contraire, il gorge d’énergie, progressivement et significativement. Plante alcaline, il harmonisera le Ph afin de garder les activités enzymatiques optimales. Il nettoie les voies sanguines et lymphatiques

sans surcharger, supportant directement l’organisme dans son recyclage et élimination hormonale mais aussi lors de situation de faiblesse ou de vulnérabilité. Avec lui, on ménage nos forces. Le trèfle est une plante de référence pour limiter la perte de densité osseuse qui accompagne également la ménopause.

 

Vitex / Gattilier (Vitex agnus castus)

Flavonoïdes, glycosides et acides gras insaturés sont les joueurs importants qu’apporte cette plante majestueuse. Ensemble, ils modulent la sécrétion de l’hormone lutéinisante, précurseur essentiel à la synthèse de progestérone. Cette dernière est indispensable à la santé hormonale et permet d’encadrer le travail prolifératif de l’estrogène. L’équilibre hormonal est un jeu qui se joue à deux! La progestérone est tout indiquée lors d’irrégularité menstruelle, de fibrome, de kystes ovariens, d’endométriose, de dépression, d’irritabilité nerveuse, de cancer du sein, de baisse de libido, d’insomnie, de migraine, de ballonnement et lors de prise de poids. Ici, le vitex saura combler les carences tout en freinant les excès! Cependant, avec cette plante, il faut laisser le temps faire son œuvre. Tout arrive à qui sait attendre est l’adage parfait pour ce qui concerne le vitex. Il demande de la persévérance (jusqu’à 3 mois) mais les bénéfices qu’il apporte ne se comparent à aucune autre plante. On le dit éducatif progressif!

Par son action promotrice de progestérone, le vitex permet une dynamique osseuse favorable et le sain renouvellement du tissu. Le vitex préviendrait ainsi le développement de l’ostéoporose et de l’ostéopénie. De plus, le vitex joue un rôle inhibiteur sur l’aldostérone décourageant, par le fait même, la rétention d’eau, l’enflure, la congestion mammaire et l’hypertension artérielle.

Il est à savoir que le vitex trouve sa pertinence d’usage dans la période préménopausale et qu’il perd de son efficacité en post-ménopause. Cette constatation est liée au fait que les cellules sensibles à son action deviennent alors beaucoup moins nombreuses et sensibles à son travail. On veillera à le remplacer alors par sa collègue, l’alchémille.

 

Agripaume cardiaque (Leonurus cardiaca)

Cette merveilleuse plante est un gage de santé pour la femme, son cœur, ses nerfs… et son entourage, par le fait même! L’agripaume est une excellente plante de transition, d’entre deux, lorsque les hormones et le système nerveux semblent en conflit de direction! On la recommande pour régulariser les cycles menstruels trop fréquents ou trop distants, redonner du nerf aux femmes épuisées et garder leur tissu vaginal en santé. L’agripaume n’est pas spécifiquement hormonale mais elle favorise ce qui est sain dans la sphère gynécologique. Elle sensibilisera les récepteurs hormonaux en temps nécessaire. Support aux glandes surrénales, elle soutiendra leur action dans la gestion de stress et dans la relance hormonale. Finalement,

l’agripaume encourage le retour de la libido lorsqu’elle s’absente trop longtemps. De plus, sa combinaison nerveux-reproducteur fait de l’agripaume une spécialiste dans le combat contre l’insomnie, la déprime, l’irritabilité et les sautes d’humeur qui accompagnent souvent cette période.

 

Les alcaloïdes de la plante sont vasodilatateurs, si bien que l’agripaume favorise une meilleure circulation utérine mais aussi sanguine. Comme son nom l’indique, elle a une affinité particulière avec le système cardiovasculaire. Elle renforcit le cœur en améliorant son irrigation et son oxygénation. Tonique, l’agripaume équilibrera les fonctions coronariennes et nerveuses telles que les palpitations, le souffle court, l’insuffisance cardiaque et l’arythmie. De plus, les études soulignent qu’elle stabilise la sensibilité des vaisseaux sanguins à la fluctuation d’estrogènes, ce qui participe grandement au rétablissement de la pression sanguine lorsque cette dernière est trop élevée. Conséquemment à cela, l’agripaume améliorera les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes de la ménopause. Elle aidera fortement à les contenir lorsqu’elles deviennent trop longues, trop fortes et/ou trop fréquentes.

Décidemment, cette plante offre ce qu’il faut pour se sentir bien plus longtemps!

 

Rhubarbe de Sibérie (Rheum rhaponticum) (ERr 731)

Étoile montante des dernières années, la racine de rhubarbe de Sibérie démontre un profil fort intéressant pour pallier aux chaleurs de la ménopause et améliorer la qualité de vie de plusieurs femmes. Les récentes données mentionnent également un impact positif et rapide sur les saignements hors cycles. Lorsque la ménopause tarde à s’installer officiellement, la rhubarbe de Sibérie devient une alliée à considérer.

Son efficacité est telle qu’elle compétitionne même avec les résultats obtenus lors d’hormonothérapie substitutive, avec l’avantage d’être entièrement sécuritaire. Il faut compter en moyenne 28 jours pour en ressentir les bénéfices. Les améliorations ne se limitent pas qu’aux chaleurs inconfortables et aux cycles indécis, mais incluent également l’anxiété, l’irritabilité, la fatigue physique et mentale, les désordres du sommeil, les infections urinaires récidivantes, la sécheresse vaginale ainsi que les douleurs musculaires et articulaires. D’ailleurs, l’ensemble des ces facteurs serait allégé de 70 à 83% chez la majorité des usagères. De plus, certaines données cliniques soulignent que la consommation de rhubarbe de Sibérie réduirait en moyenne les chaleurs à trois par jour comparativement à treize avec le placebo (1).

Bien que son arrivée sur le marché Nord-Américain soit récente, la rhubarbe de Sibérie compte plusieurs années (depuis 1993) d’usage clinique en Europe sans aucune mention d’effets secondaires rapportés. Comme les autres plantes présentées, la rhubarbe de Sibérie ne contient pas d’estrogènes en soi, mais une molécule nommée rhaponticine démontrant une affinité avec les récepteurs estrogéniques bêta. Ces derniers sont reconnus pour leur rôle non

proliférateur sur les cellules, proposant une approche sécuritaire pour les femmes ayant une prédisposition aux différents cancers hormono-dépendants.

(1) Kaszkin-Bettag M, Ventskovsky BM, Solskyy S, et al. Confirmation of the efficacy of ERr 731 in perimenopausal women with menopausal symptoms. Altern Ther Health Med. 2009;15(1):24-34.

 

En définitive…

Petits messagers dotés d’un impact majestueux sur l’ensemble de notre corps, nos hormones représentent un déterminant incontournable pour notre santé globale. À la fois promoteurs, déclencheurs, bâtisseurs et inhibiteurs, les estrogènes et la progestérone sont au cœur même de notre dynamique interne. Puisque les hormones sont susceptibles d’agir partout, la ménopause ne représente pas une étape sans répercussions! Ici, tout ce qui peut encourager et étirer la lune de miel hormonale devient un atout de taille tant pour le bien-être physique que psychologique. Les plantes médicinales, par leurs composés nutritifs et thérapeutiques, représentent une partie de la solution que bien des femmes auraient avantage à considérer. Avec leur usage on en ressort bonifié et avantagé! Il ne fait aucun doute, qu’à la lumière des connaissances actuelles entourant les molécules végétales, la santé hormonale représente de moins en moins un défi mais plutôt un état qui n’a pas d’âge!

 

Pour rejoindre l’auteure

veroniquebourbeau@yahoo.ca, ND.A, Phy.d, Herb.clin

 

L’ensemble de l’information contenue dans cet article ne cherche pas à substituer un traitement allopathique justifié ni écarter l’expertise du corps médical. Il revient à chaque individu de prendre en charge sa santé, de s’informer et d’apporter les changements nécessaires afin d’améliorer sa condition. La supervision thérapeutique, par un professionnel qualifié dans le domaine de la santé  est fortement suggérée.

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