Vous avez probablement lu différents articles dans lesquels on affirme que la détox, alimentaire ou en cure, ne sert à rien et peut même être dangereuse. La vraie question est : Est-ce que les auteurs de ces articles ont fait des recherches sérieuses avant de les rédiger? J’en doute…
Il y a en ce moment une recrudescence de sites Internet qui se font porte-paroles de l’orthodoxie bien-pensante. Je ne les nommerai pas, mais vous en avez certainement entendu parler, et y avez même probablement jeté un coup d’œil. La détox est dans la ligne de mire de plus d’un.
L’argument majeur des bien-pensants contre la détox est que le corps est conçu pour se nettoyer tout seul, que le foie n’a pas besoin d’aide. Plusieurs avancent aussi que les produits naturels et plantes médicinales utilisés pour la détoxication présentent des dangers. Par exemple, une lectrice m’a transmis cette citation : « […] ceux-ci ne sont généralement composés que d’extraits de produits naturels ou de plantes médicinales telles le chardon-Marie, l’artichaut ou le pissenlit. Elles ont comme effets de stimuler la production de bile ou d’urine. Et c’est rarement efficace. De plus, chez certaines personnes, ces plantes peuvent même causer du tort. »(1)
Malgré de bonnes intentions pour prévenir les lecteurs que « les régimes miracles; c’est voué à l’échec à long terme » (ce qui est tout à fait vrai : il n’existe pas de miracle, ni en alimentation ni en habitude de vie; seuls les changements durables portent fruit), des affirmations sur l’inefficacité des plantes médicinales et leurs risques (non spécifiés), sans aucune référence, relèvent d’une opinion, d’une idéologie, de ce que vous voulez, mais pas de l’information, ni de la science.
Ceci dit, passons aux vraies affaires et regardons les faits et la science par rapport aux objections des bien-pensants.
1- Le corps sait très bien se détoxiquer tout seul
Si le corps pouvait toujours se détoxiquer de façon optimale, les maladies associées aux accumulations de toxines/toxiques n’existeraient pas. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Plusieurs conditions sont associées à l’incapacité du corps à se débarrasser de substances nuisibles tant endogènes (que nous fabriquons) qu’exogènes (provenant de l’environnement).
Quelques exemples
Le foie gras (stéatose hépatique) est une accumulation de gras dans le foie qui peut être due à l’abus d’alcool et/ou à la consommation importante et de longue durée de sucre, en particulier le fructose (https://www.jydionne.com/nouvelle-tendance-le-foie-gras/) (https://www.jydionne.com/le-fructose-au-banc-des-accuses/).
La goutte est associée à une incapacité d’éliminer correctement l’acide urique, qui se dépose alors dans certaines articulations (notamment le gros orteil) et entraîne une arthrite très douloureuse.
Plusieurs troubles neurologiques sont dus à une accumulation de mercure et/ou d’autres métaux toxiques provenant soit de l’environnement, soit des poissons, soit des amalgames dentaires (https://www.jydionne.com/metaux-neurotoxicite-et-allergies/).
Les personnes qui travaillent avec des solvants, notamment dans les ateliers de peinture automobile, même s’ils portent de bons masques, sont sujets à des intoxications à ces solvants qui attaquent le foie.
Même la gueule de bois est due à l’accumulation d’un métabolite toxique de l’alcool, l’acétaldéhyde. Toutes ces conditions sont associées à une accumulation de certaines toxines ou substances toxiques.
Aider le processus de détoxication
Il est vrai que la meilleure approche est d’éliminer la cause, mais ce n’est pas toujours facile! Dans la majorité des cas, le fait de soutenir les émonctoires (organes d’élimination) avec des ingrédients détox facilite le retour à la santé.
Par exemple, dans les cas de stéatose hépatique, le chardon-Marie est utilisé avec succès pour éliminer les accumulations de gras intrahépatique.(2) Il serait surprenant que votre médecin vous suggère cette option, tout simplement parce que la majorité d’entre eux ne sont pas formés dans ces méthodes thérapeutiques. Par contre, ce même chardon-Marie est très utilisé en Europe de l’Est. Le chardon-Marie est aussi utile contre la toxicité des solvants.(3)
Plusieurs ingrédients sont connus pour favoriser l’élimination des poisons que sont les métaux toxiques. Par exemple, le N-acétylcystéine (NAC) aide à éliminer le mercure.(4)
2- Les produits détox sont dangereux
Il est vrai que certains ingrédients peuvent entraîner des effets secondaires. Pensons aux laxatifs stimulants (comme le séné et le cascara) qui peuvent causer de la diarrhée et des crampes et ne sont pas recommandés à long terme parce qu’ils peuvent entraîner une paresse de l’intestin.
Mais sérieusement, la très grande majorité des ingrédients des produits détox sont bénins (voir https://www.jydionne.com/faut-il-nettoyer-notre-systeme/). Par exemple, le seul effet secondaire des plantes qui stimulent le foie (à l’exception peut-être du radis noir qui peut donner des crampes de la vésicule biliaire chez les gens qui ont des débuts de calculs) est de causer des selles plus molles.
3- L’alimentation détox n’existe pas
On se souviendra de la levée de bouclier contre Jacynthe René lors de la parution de son livre Vive la détox gourmande. Pourtant, il faut vivre sur une autre planète pour ne pas reconnaître les méfaits des pesticides(5), les bienfaits des aliments riches en antioxydants, (jydionne.com/les-antioxydants-prevention-de-la-rouille-interieure), (newhope360.com/ingredients/more-antioxidants-less-breast-cancer), etc.
Un exemple d’aliment détox
L’augmentation de l’apport en fibres solubles est reconnue pour favoriser l’élimination des métaux toxiques (mercure, arsenic, cadmium, plomb).(6,7,8)
4- Utiliser ces approches en prévention, sans diagnostic, relève de la pensée magique
Je dirais plutôt l’inverse. Ne pas s’intéresser à la toxicité de notre environnement et de certains aliments représente un aveuglement volontaire. Les preuves de la toxicité des pesticides, de la malbouffe, du fructose, des solvants et de bien d’autres substances abondent. Il est donc normal de vouloir s’en protéger, de ne pas attendre d’être malade…
Comment se protéger?
D’abord par nos choix alimentaires, comme le bio, le vert, le non raffiné, etc. Ensuite, en s’informant sur les mécanismes de protection et d’élimination de notre corps et sur la façon de stimuler ces mécanismes.
Suis-je en faveur des cures (ou des produits vendus pour la détox)?
Pas particulièrement. Je suis plutôt pour l’individualisation de l’approche santé, ce qu’on nomme la démarche personnelle. Les cures toutes faites contiennent habituellement des laxatifs stimulants que je ne recommande pas.
Je suis pour les choix santé informés, et je considère que l’approche des bien-pensants est infantilisante. L’autoresponsabilisation commence par des choix personnels.
Santé!
Jean-Yves Dionne
Conférencier, formateur
Références:
(1) Pourquoi le mot "détox" ne doit plus faire partie de votre vocabulaire. Publié par Catherine Lepage Dt.P. M.Sc.(c) https://shoutout.wix.com/so/cL7qdDPN#/main
(2) Kazazis CE, Evangelopoulos AA, Kollas A, Vallianou NG. The therapeutic potential of milk thistle in diabetes. Rev Diabet Stud. 2014 Summer;11(2):167-74. doi: 10.1900/RDS.2014.11.167. Review. PubMed PMID: 25396404; PubMed Central PMCID: PMC4310066. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4310066/
(3) Szilárd S, Szentgyörgyi D, Demeter I. Protective effect of Legalon in workers exposed to organic solvents. Acta Med Hung. 1988;45(2):249-56. PubMed PMID: 3073356. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3073356
(4) Jalilehvand F, Parmar K, Zielke S. Mercury(II) complex formation with N-acetylcysteine. Metallomics. 2013 Oct;5(10):1368-76. doi: 10.1039/c3mt00173c. PubMed PMID: 23986393. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23986393
(5) Lerner A, Matthias T. Changes in intestinal tight junction permeability associated with industrial food additives explain the rising incidence of autoimmune disease. Autoimmun Rev. 2015 Jun;14(6):479-89. doi: 10.1016/j.autrev.2015.01.009. Review. PubMed PMID: 25676324. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1568997215000245
(6) Lamb JJ, Konda VR, Quig DW, Desai A, Minich DM, Bouillon L, Chang JL, Hsi A, Lerman RH, Kornberg J, Bland JS, Tripp ML. A program consisting of a phytonutrient-rich medical food and an elimination diet ameliorated fibromyalgia symptoms and promoted toxic-element detoxification in a pilot trial. Altern Ther Health Med. 2011 Mar-Apr;17(2):36-44. PubMed PMID: 21717823. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21717823
(7) Ou S, Gao K, Li Y. An in vitro study of wheat bran binding capacity for Hg, Cd, and Pb. J Agric Food Chem. 1999 Nov;47(11):4714-7. PubMed PMID: 10552878. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10552878
(8) Rowland IR, Mallett AK, Flynn J, Hargreaves RJ. The effect of various dietary fibres on tissue concentration and chemical form of mercury after methylmercury exposure in mice. Arch Toxicol. 1986 Jul;59(2):94-8. PubMed PMID: 3019277.