Il y a de ça longtemps, mais pas trop, vivait un Charlot.
Charlot était un petit homme grand. Rieur. Joyeux. Actif. Très actif. Énergique. Passionné. Intelligent. Généreux. Créatif. C’est que ce Charlot débordait de qualités. De capacités. De talents. De vertus. Bref, de génie. Pour lui, tout était possible.
Seulement, le seul complice desdits talents de notre Charlot-le-Grand était sa console de jeux vidéos… Et le héros dudit jeu vidéo qui captivait tant notre petit grand Charlot avait un nom impossible. Une force impossible. Un courage impossible. Un monde impossible. Des missions impossibles. Un nombre de vies impossibles. Bref, pour lui, tout était impossible.
Tous les jours, Charlot zappait son héros comme un pantin soumis à ses pouces tyranniques. Or, par un jour des plus ordinaires, se produisit un court-circuit des plus spectaculaires... Au détour d’une manœuvre supersonique, le robot du jeu vidéo se retourna promptement vers Charlot et sortit littéralement sa tête à l’extérieur de l’écran. Il ouvrit la bouche et devint poète d’un instant :
« Bravo Charlot… Tu as vaincu l’impossible. J’ai senti, dans chacun de tes coups de pouces, combien tu es un garçon persévérant, adroit, concentré, voire même acharné. Charlot, c’est vrai que nous avons passé plusieurs heures ensemble, mais as-tu oublié que je n’existe pas ? D’autant plus que dans ton vrai monde, il y a urgence ; ta planète est en danger! Les enfants sont engourdis. Les rues sont vides. Même le soleil ne sait plus pour qui briller. N’as-tu pas vu que le ciel n’a plus d’étoiles ? Elles se sont éteintes, car plus aucune pupille ne sortait dehors pour les admirer… Charlot, laisse le téléviseur, rallume ton cœur et réanime le ciel ; vite ! Avant que tout ne meure ! »
Complètement galvanisé par toutes ces révélations, c’est alors qu’une spirale d’énergie raviva en lui des pouvoirs dont il n’avait pas le moindre soupçon. Ses pouces se mirent à clignoter comme des lucioles galactiques, prêts à dessiner des comètes dorées… Il sortit de chez-lui en trombe et se mit à remuer ses doigts scintillants qui s’étaient transformés en véritables tisons ardents. Un éclat de rire saupoudra sa première empreinte réussie et d’un même essor, il répliqua d’autres esquisses encore et encore, dans le ciel de la nuit…
D’un élan résolu, il alla promptement secouer ses copains-fantômes-endormis dans l’impératif de ranimer les galaxies. Fallait voir ! Des dizaines, des centaines, puis des milliers de petites mains y allaient d’un geste de fresque, larguant dans le ciel, de leurs pouces réverbères, des pastilles de couleurs, comme on lance des confettis de bonheur. Tous griffonnaient avec crayons, pastels et fusains pour retracer le chemin des étoiles disparues. Plus les enfants barbouillaient, plus l’ardoise du ciel s’éclairait ! Se répondaient, en consonance, des fous rires gamins et des danses d’aurores boréales. C’était tout simplement génial. Charlot, adressa un clin d’œil au quartier de lune mandarine ; il était le garçon le plus ravi.
Que vous y croyez ou non, telle est pourtant son histoire… Et surtout, n’oubliez jamais de faire un vœu au détour d’une demoiselle céleste ; vous plongerez presto dans la magie de la légende astrale de notre héros… Car il y a de ça longtemps, mais pas trop, un zombie du petit écran allait finalement rallumer des étoiles… Vous connaissez Charlot ?…