L'attachement

Écrit par: Jacynthe
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Publié le: 3 août 2015
L'attachement

DEVENIR PARENT – UNE AUTRE MANIÈRE DE VOIR LE DON DE LA VIE ET DE S’Y PRÉPARER

Le miracle de l’attachement

Par Danièle Starenkyj ©2015 www.publicationsorion.com

Je me rappelle ma maman, alors que je tendais la main pour caresser un chaton qui venait tout juste de naître, m’avertissant sévèrement de ne pas le toucher de peur que notre chatte ne le rejette, refuse de le laisser téter, et même – était-ce possible ? -- qu’elle le tue.

Je n’ai jamais oublié mon voisin fermier se démenant avec une vache rétive qui ne voulait pas allaiter son veau nouveau-né. J’étais dans son étable, et je fus témoin de ses tentatives tenaces pour mettre son petit à son pis. Il parlait doucement à sa vache, lui caressait le cou, lui montrait son petit, et le frottait contre son museau. Il s’y est repris une dizaine de fois, puis, victoire, elle cessa de ruer son veau, se tint tranquille, et le laissa téter. « Bon, je l’ai eue, la noire. Je la connais. Elle est difficile avec ses petits, mais je ne l’ai jamais laissée faire. Après, c’est la meilleure mère du troupeau. »

On admet aujourd’hui, finalement, la réalité, au moment de la naissance des humains également, d’une période sensible de quelques heures au cours de laquelle la mère – elle a senti son bébé glisser hors de son corps, elle l’a immédiatement pris dans ses bras, et elle a eu le temps de le caresser, de capter son regard déjà avide du sien, elle l’a mis au sein, puis elle a eu le privilège de s’endormir paisiblement avec lui -- se met à ressentir pour ce petit être de puissants sentiments d’amour. Ce phénomène extraordinaire est celui de l’attachement1.

Dans notre civilisation occidentale, dans les années 1950, il était devenu routinier de séparer la mère de son enfant dès son premier cri – c’est ainsi qu’on a appris à toute une génération de mamans à ne pas répondre aux pleurs de leurs bébés. On avançait de bonnes raisons pour cela : maman devait se reposer, et bébé devait apprendre sans retard à se plier à un horaire fixe d’alimentation au biberon. (C’était aussi l’époque où l’on affirmait que papa ne supporterait pas d’assister à la naissance de son enfant.) On justifiait cette rigueur par le mythe de l’amour parental spontané ou instinctif. (Pourtant… les chattes, les vaches ?)

Après dix jours de pouponnière, on remettait aux parents leur bébé comme un précieux paquet – avec une série de biberons et la meilleure poudre pour le faire grandir. Mais pour beaucoup d’entre eux, l’attachement n’avait pas eu lieu. De nombreuses mamans ont ressenti cette séparation forcée comme une perte de leur bébé, et sont entrées dans un processus semblable, bien que non identique, au deuil. Parfois le détachement psychique peut aller si loin que la maman aura beaucoup de difficulté à accepter, à nouveau, son bébé comme une partie d’elle-même. Elle aura tendance à le traiter comme un corps étranger, et percevra ses besoins d’amour, de nourriture, et de tendresse, comme des exigences venant contrecarrer ses besoins à elle.

C’est extrêmement sérieux : la délicate plante de l’amour maternel et paternel s’enracine pendant la période sensible au cours de l’heure qui suit immédiatement la naissance. Aujourd’hui un couple qui attend un enfant qu’il veut aimer puissamment, ajoute à sa liste de préparatifs, le choix éclairé du lieu de la naissance. Il s’assure que le médecin ou la sage-femme sont « amis des bébés », ce qui veut dire très précisément, qu’ils comprennent et respectent cette période sensible des quelques heures après la naissance.

L’enfant doit naître, et certaines naissances sont faciles, d’autres sont difficiles. L’amour parental doit naître, et la naissance de l’amour parental peut être délicate, parfois laborieuse, mais jamais impossible, même à retardement2.

Je vous encourage à incorporer dans vos gestes quotidiens les trois piliers de l’attachement3, et qui sont le contact visuel – regarder son enfant dans les yeux, plonger dans son regard et y lire son profond besoin de ses parents ; le contact physique – les caresses, les câlins sont chez l’humain l’équivalent du léchage chez les mammifères ; l’attention concentrée – l’enfant que l’on a porté au monde a le droit de ressentir que pour nous, il est une personne à part entière, digne de notre sollicitude et méritant notre écoute sans distraction.

Un attachement fort des parents à l’enfant et de l’enfant aux parents enregistrera dans son cerveau en formation le bonheur. C’est un miracle que nous vaut le respect de la façon dont la nature a prévu les choses4, et il est à la portée de vous tous, gens de bonne volonté !

Danièle Starenkyj©2015

1. Starenkyj D., Devenir parent – Préparation efficace à la grossesse, 0rion 2014.

2. Starenkyj D., Devenir parent – Maternage et paternage, Orion, 2014.

3. Campbell R., Comment vraiment aimer votre enfant, Orion, 2012.

4. Starenkyj D., Devenir parent – L’écologie de la vie, Orion, 2014.

Crédit photo: Marïphotographie

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