"La réussite d'une personne dépend à 80% de son intelligence émotionnelle, 20% de son quotient intellectuel"
"J'ai retenu cette phrase d'un cours universitaire hyper pertinent", me confie Caroline, une des merveilleuses enseignantes de l'école des Cheminots. Dans le cadre de mon documentaire "Grandir dans le bonheur", j'aime me poser des questions sur les différents milieux et modes d'apprentissage ainsi que sur les facteurs d'épanouissement en ce qui concerne les enfants (parce qu'on en parle bien peu).
Suite à mes conférences dans lesquelles j'aborde le sujet de la performance ("à quoi ça sert?" "est-ce que ça compte pour beaucoup?""quelles en sont les conséquences"), plusieurs professeurs se confient: ils sont incapables de noter leurs écoliers, ils en ont même souvent le coeur brisé. Mais les attentes des parents sont déterminantes. Je crois que ça vaut la peine de s'arrêter et de se questionner sur le sujet.
"Ce n'est pas en mesurant un enfant tous les jours qu'il grandira plus vite". Voilà un parallèle intéressant: ce n'est pas en évaluant un enfant à tous les jours qu'il deviendra meilleur, qu'il y aura une forme d'apprentissage.
En fait, évaluer ce n'est pas apprendre. Il n'y a pas d'apprentissage dans l'examen. Toutefois, il peut en avoir dans le retour que l'on fait avec les élèves. Évaluer est un moyen pour situer l'élève, connaître ses difficultés afin de mieux le guider et lui enseigner. Et l'évaluation peut se faire de diverses façons (par observation, par entrevue, par des tâches individuelles signifiantes) pas seulement par l'examen traditionnel.
Maintenant, qu'est-ce qui compte dans la vie? Les résultats scolaires ou ce que nous dégageons, notre capacité à nous adapter aux situations, nos habiletés à être en relation avec les autres, notre charisme, nos habiletés de communicateur... voir toute la personnalité d'une personne? N'est-ce pas encore plus important que notre capacité à trouver la racine carré de? J'ai fait un baccalauréat international en sciences pures en bonne première de classe et mon diplôme en main, je ne me connaissais pas, ni savais ce que je souhaitais faire, pas plus que je pouvais parler de mes passions. Je n'avais pas développer d'habiletés avec les autres non plus (ayant passé mes études à étudier). Ce n'est pas ce que je souhaite pour mes garçons.
J'ai pris cette photo lors d'une classe d'anglais. Liel, le professeur, croit que les enfants apprennent par le jeu, le chant. La classe est heureuse (et plusieurs ont la certitude d'être bilingue). Ils apprennent à une grande vitesse.
Dans la classe de sciences de Sébastien, aussi passionné, les mains sont toujours levées et le respect présent.
Je pourrais faire le tour de l'école ainsi... Mylène, dans sa classe de mathématiques, demande aux adultes présents de valider l'engagement des enfants (et dans les cas de difficultés, mettre notre main sur leur épaule), les résultats n'importent pas à ce moment. ...
Ah en parlant d'adultes présents, aux réunions de parents, les chaises sont toutes occupées.
Par ailleurs, j'aimerais qu'on se pose les questions suivantes:
est-ce dangereux de ne pas séparer les amis? (que ce soit pour moi ou pour mon enfant, je crois en l'importance des liens d'amitié, raison de longévité heureuse)
est-ce qu'un enfant peut perdre son temps? (n'est-ce pas agréable de se lever de son bureau, jaser avec le voisin un brin ou encore laisser son esprit flâner dans cet espace vide non souvent visité et qui bien souvent fait jaillir création et solution?)
le multi-âge, est-ce porteur? lieu de validation des apprentissages des plus vieux et d'inspiration pour les plus jeunes?
En terminant, avez-vous jeter un regard sur l'importance des stagiaires adultes déficients et autistes qui côtoient les enfants?
Notre école m'émerveille, chaque fois que j'y mets les pieds. Je vous en souhaite autant (il y a de bons professeurs dans toutes les écoles). Sinon, il est toujours possible de le créer.
