Parce que vous aimez tant quand je vous en parle et parce que j'aime tant en parler.
Je reviens de mon heure à l'école. J'ai ma petite routine qui commence par accompagner deux enfants dans l'écriture de mots par le jeu, par la beauté : la semaine dernière, ils avaient la chance d'avoir les beaux crayons plumes et d'écrire sur du papier à lettre comme j'aimais le collectionner petite ; aujourd'hui, à la peinture sur des murales les mots étaient dessinés, la semaine prochaine ils seront gravés dans la pâte à modeler puis le jeu de balle servira l'apprentissage par la suite. J'ai du plaisir autant qu'eux et chaque bon mot se voit applaudi par mon bébé qui va et vient tellement d'activités et de beaux enfants il peut apprécier.
Mon regard peut alors aussi se poser sur les autres qui lisent en tandem, s'entraidant, sur le sofa ou sur un matelas par terre. Voilà la belle image qui m'enchante depuis toujours.
Puis, je regarde mon Charles, si fier de jouer au grand frère avec son petit, son enseignante l'encourage d'ailleurs à cette tâche. Puis il terminera son livre, lui qui n'aime pas tant écrire, probablement qu'il trouve un peu plus difficile cet art, plus jeune que les autres car du mois de septembre. Mais jamais sous pression, toujours sous encouragement, il est suivi. Si bien qu'aujourd'hui, pendant la collation santé, tous l'ont écouté lire son histoire et montrer ses images. Ce qui me touche et qui rejoint tant cette vision que j'ai eu pour cette école qui n'existait pas encore, alors que j'imaginais un lieu sans pupitres, les enfants plutôt bien à leur aise au sol, avec un enseignant qui favorise les échanges, la lumière naturelle (en prime ce matin, un beau sapin vintage), les étirements et prendre le temps, des mains se lèvent après l'histoire contée pour dire ceci : "Charles, ce qui m'a plu c'est qu'on voit que tu t'es appliqué, ton travail a vraiment été bien fait, tes dessins sont beaux, tes phrases sont complètes et bien écrites..."
Comment aussi jeunes exprime-t-on aussi clairement nos idées et puisse-t-on échanger ainsi, sans jugement, plutôt en valorisant un et l'autre devant les autres. Je n'en avais pas appris autant à ma sortie du Cégep.
Se connaitre, reconnaitre, apprécier, ne pas juger, s'exprimer, quels atouts d'importance nos jeunes développent-ils dans un environnement apaisant.
Est-ce que l'absence de notes & d'examens y jouent pour atout? Et cette valorisation de l'expression qui prend son temps et son espace comptent-elle aussi?
Charles m'accompagne vers la sortie, et on croise Hans, un adulte différent qui est à sa tâche, que je salue avec beaucoup de chaleur au coeur car je le trouve si beau et si important parmi les enfants, et si joyeux lorsqu'il participe aux parties de hockey avec eux. ET mon enfant de valider à quel point il est gentil et apprécié. Alors je ne peux m'empêcher de penser qu'on gagnerait à avoir parmi nous, partout, tous ces adultes différents.
