* Transcription des propos de Jonathan Léger Raymond, herboriste et thérapeute ayurvédique, lors d'une rencontre avec lui.
L'ayurvéda a des avantages, des forces dans les approches naturelles. Ce n'est pas la seule façon; c'est un chemin, agréable et relativement facile à parcourir, facilitant.
C'est travailler le plus possible sur ce qui est autour, et ensuite, avoir une intervention au niveau plus hormonal que ce soit avec des régulateurs hormonaux - les plantes - qui vont travailler à partir des glandes maîtresses. C'est un travail infiniment subtil et avec le corps.
L'aspect détox
L'aspect détox est important, parce que avant de vouloir aider les hormones, il faut aider le foie. Tous les jours, le foie doit « déconjuguer » des hormones, se défaire des vieilles hormones qui vieillissent mal et vite.
Cela enlèvera déjà une couche de problématiques. Cela donnera aussi moins de chaleurs car les toxines se traduisent souvent par de la chaleur - comme si l'eau partait à 20 degrés au lieu de 60 degrés; elle atteindra le point d'ébullition moins rapidement! Ainsi, avant de se ramasser à l'idée de bouillir, on peut enlever un peu de chaleur dans le corps à travers la désintox.
Il y a plusieurs façons de faire la désintox. Le foie est un organe absolument central. Les reins aussi, mais le foie ressort un peu du lot. À travers les décennies, on finit par accumuler un certain retard.
Il y a les plantes médicinales, mais dans la nourriture, il y a aussi les plantes amères qui sont négligées dans l'alimentation. Il n'y a plus qu'un peuple que je connaisse qui les valorise, et ce sont les Italiens. Il n'y a pas d'autres cultures qui mettent en vedette autant les plantes amères.
L'amertume est bonne pour le foie. Au fil des générations, nous avons diminué la quantité que nous consommons et aujourd'hui, il y a plusieurs plantes que nous ne consommons plus.
Cure pour le foie
C'est toujours le temps et dans les changements de saison, encore plus. On peut faire des cures pour le foie n'importe quand.
Il y a certaines plantes que l'on peut prendre à l'année. Normalement, on les mangeait tous les jours.
À ce temps-ci de l'année, il y a 200 ans, la plupart des agriculteurs, des gens qui avaient des terres, déterraient les bardanes.
Bardane
Les bardanes, tout le monde connaît ça, ce sont les « pic-pic » qui s'accrochent (l'ancêtre du velcro!). Cette plante a une racine qui goûte très bon. Elle se mange un peu comme la betterave. Ça se mange cru, mais il faut mieux râper. C'est un peu raide. Sinon, cuit, ça se mange très bien. Cela a une amertume plutôt douce. Il fut un temps où c'était très commun.
La bardane a plusieurs autres effets connus & étudiés :
- Bon pour les reins
- Une plante altéravite qui va chercher les toxines dans les recoins et qui les remet en surface
- Prébiotique
- Chélatrice qui chélate les métaux lourds
- Pour les femmes qui ont des chaleurs, c'est une plante rafraîchissante
Quelles plantes au quotidien ?
À l'année, je prends 6 à 8 plantes, dont l'Andrographis.
Androgaphis
C'est une plante qui est plus connue en Chine et en Inde. C'est une teinture. C'est aussi très bon contre les rhumes et les grippes. C'est le roi des amers, la plante la plus amère que je connaisse.
Goûter l'amertume; c'est important de s'y habituer. Il y a une partie de l'effet qui passe par le cerveau. À peu près 50 % de l'effet. Donc, c'est important de goûter. On finit par s'y habituer. L'idée est de s'y exposer souvent, un petit peu.
L'Ayurvéda offre un regard qualitatif, une analyse qualitative.
En herboristerie et en sciences, on regarde les propriétés médicinales. On regarde aussi l'énergétique en ayurvéda.
Périménopause et hormones - l'importance du ratio oestrogène/progestérone
En s'occupant de notre foie, cela va préparer le terrain. La gestion des hormones sera meilleure.
En périménopause, il y a beaucoup de variations, donc on se retrouve avec des excès d'hormones. Même s'il y a une baisse d'hormone dans le temps, c'est un peu comme la bourse, on peut tracer une ligne, à savoir si elle a monté ou descendu à la longue, mais il peut y avoir de grandes variations, une grande volatilité.
Il y a donc une grande volatilité des hormones au niveau de la périménopause. Les niveaux baissent, mais par exemple tout d'un coup la progestérone baissera beaucoup plus que l'œstrogène,
Ce qui arrive, c'est que les femmes vont quand même sécréter de l'œstrogène, mais parfois elles n'ovuleront pas. Si elles n'ovulent pas, il n'y a pas de corps jaune. S'il n'y a pas de corps jaune, il n'y a pas de progestérone. Donc, l'œstrogène baisse, mais il y a un trou où, comme il n'y a pas eu d'ovulation, il n'y a pas de progestérone. À ce moment, l'œstrogène devient surpuissant parce que normalement, ces deux hormones s'équilibrent. C'est toujours une question de ratio plus que d'autre chose. Il y a d'autres notions importantes, mais il y a une question de ratio. Le ratio peut être perturbé.
J'ai une ovulation, donc l'œstrogène et la progestérone se suivent de près. Le mois suivant, je n'ai pas d'ovulation. Ainsi, même si l'œstrogène a baissé, la progestérone a chuté drastiquement. Je me retrouve donc en hyper ostéogénie et c'est là qu'il y a les pires bouffées de chaleur. C'est là que la périménopause « nous tombe dessus! ».
Lorsqu'elle nous rentre dedans, c'est qu'on est en hyper ostéogénie, c'est là qu'il y a les gros symptômes. Il faut donc équilibrer tout ça.
Ces hormones restent dans le sang. Donc, si j'ai les œstrogènes du cycle précédent qui n'ont pas été éliminés, non seulement elles restent dans le sang et continuent de déséquilibrer les taux normaux, mais en plus, elles deviennent altérées et leur message chimique n'est pas aussi bon. Cela crée des distorsions.
Donc, l'aspect foie est important. Cela viendra ameublir le terrain. Parfois, c'est suffisant.
Ensuite, on passe aux prochaines étapes. Il y a une autre étape dont vous parlez beaucoup chez Maison Jacynthe, c'est le côté adaptogène glandes surrénales. C'est l'autre gros chapitre.
Adaptogènes glandes surrénales
Les surrénales, à la périménopause, doivent accroître leur production d'œstrogène dans la perspective où globalement, tout va diminuer. Les surrénales doivent compenser afin que la femme ne se retrouve pas à pratiquement zéro œstrogène à la fin de l'histoire.
Cela aidera aussi à adoucir tous les symptômes.
On n'appelle pas cela d'adaptogène pour rien! Ce sont des plantes qui aident à s'adapter. Elles génèrent de l'adaptation, mais c'est nous qui s'adaptons. Cela va aider à négocier le virage de la périménopause de façon générale, mais aussi de façon spécifique avec la production d'œstrogène.
Il y a une relation directement inverse, en opposition, entre le stress et la production d'hormones sexuelles parce que littéralement, les surrénales doivent choisir à un certain point entre fabriquer un cortisol ou un œstrogène. Plus on est dans le stress et plus elles « choisiront » de faire un cortisol. Avec cela, on vieillit plus rapidement.
Faire du cortisol constamment nous fait vieillir et nous empêche de négocier. En baissant trop les niveaux d'œstrogène, la peau sera affectée, car les oestrogènes sont bons pour la chair et pour garder son hydratation.
Il y a des cures pour le foie, mais hors cure, il faut avoir des stratégies pour le supporter à long terme.
Comment prendre des adaptogènes?
En principe, un adaptogène peut être pris en permanence. Moi, j'en prends en permanence. Parfois, dans les adaptogènes, il y a des aspects stimulants. Certains sont plus forts comme l'ashwagandha et la réglisse. Ce n'est pas l'aspect adaptogène comme tel, mais l'aspect stimulant qui est aussi là, c'est stimulant pour les surrénales. C'est très vrai pour la réglisse, par exemple, dont on pourrait faire un excès.
Donc, certains adaptogènes pourraient mener à un plateau où l'on aurait plus d'énergie, et puis éventuellement on pourrait en abuser.
Cependant, en général, cela fait juste nous donner une marge de manœuvre. J'ai un peu plus d'énergie et je m'en sers pour être confortable.
Si tout de suite je repousse ma limite plus loin... L'expression que je dis à mes clientes : « Là, je te donne un peu de corde avec les adaptogènes, mais ne te pends pas avec! »
Pour moi, les adaptogenes peuvent être gardés à très long terme. Il faut trouver les adaptogènes qui font avec nous.
Parfois, lorsqu'on prend une formule, il y a un équilibre dans celle-ci, une moyenne qui se fait. En ayurvéda, on va donner par exemple ashwagandha et shatavari qui ont des profils très différents. Donc souvent, les formules vont s'équilibrer un peu.
Parfois, il sera intéressant de les découper en morceaux et d'aller prendre certaines plantes plus spécifiques pour se marier à nos besoins. C'est là où l'ayurvéda entre plus en ligne de compte, où ça devient un peu plus compliqué.
Adaptogènes et performances sportives
On peut se servir des adaptogènes dans une optique d'augmenter les performances. Les athlètes peuvent augmenter leur performance d'environ 10 % avec ça.
Shatavari
Plante fascinante! C'est une plante qui est davantage bonne pour les personnes qui ont une nature davantage vata et pitta, plus svelte, et qui à la limite pourraient perdre un peu trop de poids.
Les personnes qui doivent manger souvent parce qu'elles n'ont pas beaucoup de réserve.
On est loin des personnes qui ont des excès Kapa qui sont dans un corps un peu plus ample pour qui la périménopause risque de se passer un peu mieux car ils ont plus de réserves, dépassent moins leurs limites, leur peau est plus hydratée. Avec ce profil, on a une espèce d'abondance qui est là dans le corps, des réserves.
J'imagine le shatavari comme une espèce de déesse japonaise, une déesse de la féminité avec toutes sortes de tissus qui flottent autour d'elle en blanc et rose, style boucle d'or.
Le shatavari, c'est presque une caricature de la féminité féminine.
Son nom est intéressant. Il veut dire avoir 100 maris.
C'est aussi une plante qui donne une espèce d'abondance au niveau sexuel, c'est une plante qui est excellente pour récupérer la libido. Parce que les gens épuisés n'ont plus de libido. Les gens qui n'ont pas de réserve n'ont plus de libido.
C'est une plante qui est très efficace pour la sécheresse vaginale et la lubrification.
C'est aussi un régulateur hormonal qui passe par les glandes maîtresses, c'est-à-dire que cela vient harmoniser l'hypothalamus et l'hypophyse.
C'est d'un raffinement. Ça fonctionne avec le corps sans diriger le corps quelque part nécessairement, juste l'inviter doucement.
Elle peut aider pour concevoir. En fait, elle peut servir pendant toute la grossesse, du début à la fin.
Phytoœstrogènes
Il y a des choses de base qui sont méconnues à leur sujet. Par exemple, le rôle protecteur des phytoœstrogènes.
La seule façon d'en faire un excès est de manger un bloc de tofu par jour et de boire 1 litre de lait de soya par jour. Le soya, c'est peut-être dans le monde végétal ce que je connais qui est le plus riche en phytoœstrogènes. Sinon, on retrouve des doses marginales.
Ces doses auront un effet protecteur car elles vont occuper un site récepteur d'œstrogène (sur la cellule). Le phytoœstrogène se fixe là, et l'œstrogène y passe et ne peut pas se fixer à la cellule. Donc, la stimulation oestrogénique globale diminue, ce qui normalise. S'il manque d'œstrogène, le corps est capable de transformer les phytoœstrogènes en œstrogène actif. Il faudrait donc vraiment envahir le corps d'une quantité de phytoœstrogène pour que ça donne plus d'effet oestrogénique, car normalement, cela module l'effet oestrogénique.
Références bibliographiques :
Aviva Romm, MD, Botanical medecine for women's health, Éditions Elsevier Canada, March 29, 2017, 672 p., ISBN-978-0702061936
Sarah-Maria LeBlanc - J'aime mes hormones, Éditions Jouvence, 31 mai 2022, 128 p., ISBN-978-2889536092
Webinaire de Jonathan :
https://academie.ayurvedarevolution.ca/rediffusion-webinaire