Notre rencontre du 23 février avec Pierre Haddad :
Sujets abordés lors de cette rencontre et transcription des propos : *
2 : 00 - Possible de vieillir en santé?
Cela demande un petit effort!
Dans la vie que nous menons de nos jours, c'est d'autant plus difficile et remarquable pour ceux qui réussissent à se discipliner un peu.
L'alimentation est la base et une alimentation variée.
2 : 55 - Bons gras et mauvais gras
J'ai expliqué un peu la différence entre les bons gras et les mauvais gras lors de la rencontre précédente (ici).
3 : 06 - La peur des gras, souvent associés à danger et calories
C'est la totalité des calories à laquelle on doit penser. Alors si on continue de manger du sucre en même temps que les bons gras, cela ne donnera pas nécessairement les résultats escomptés.
J'ai pensé à l'analogie de l'essence dans une voiture.
Comme c'est de l'énergie, c'est comme de l'essence pour une voiture, l'essence ordinaire versus l'essence super. Le moteur de la voiture s'encrasse plus avec du régulier que du super. C'est certain que cela nécessite un investissement lorsqu'on choisit de mettre de l'essence super dans notre voiture.
C'est donc un peu à cela que nous pouvons penser avec les bons gras. C'est comme de l'énergie plus dense.
Les bons gras, ce sont les polyinsaturés, les oméga-3, favoriseront un bon métabolisme dans l'organisme. Par contre, si on de diminue pas le sucre en parallèle, et bien les effets sur le maintien d'un poids santé, par exemple, seront beaucoup plus difficiles à obtenir.
Ce n'est pas une recette magique.
4 : 48 - Donc, est-ce les sucres qui doivent être pointés du doigt?
En fait, il s'agit de carburant. Ainsi, si on habitue notre corps au régulier, et bien il brûlera du régulier! Si on met de plus en plus du super, il ira utiliser les graisses comme énergie plutôt que le sucre. Et là, cela favorisera la graisse brune comme le froid le fait ainsi que toutes les autres choses que tu préconises également.
5 : 30 - De quelle manière les bons gras font-ils fondre les mauvais gras?
Cela entraîne le corps à utiliser les graisses comme source d'énergie plutôt que les sucres. En fait, cela améliore les graisses brunes, ça les favorise et ça aide à brûler de l'énergie. C'est ce que nous appelons la thermogénèse, les gras qui aident à garder notre température corporelle et aussi à générer de l'énergie.
En quantité, ce n'est pas le gras que nous avons en majorité dans notre corps. Au contraire, c'est assez restreint. C'est vraiment l'entraînement de notre corps à utiliser les graisses plutôt que les sucres qui aura des effets bénéfiques. Cela a des effet anti-inflammatoires, protecteurs pour le système cardiovasculaire et pour la santé mentale aussi. Il est démontré que les oméga-3 aident à diminuer la dépression.
C'est donc très bon d'incorporer les bons gras significativement dans la diète.
7 : 30 - La satiété
Tout cela fait du sens. Si nous accumulons de l'énergie, l'excédent est stocké sous forme de graisse. Ainsi, la graisse envoie un message au cerveau que nous sommes en excédent d'énergie et qu'ainsi, nous n'avons peut-être pas besoin de manger autant.
Il y a donc des hormones de satiété qui sont produites par les graisses et qui envoient des signaux au cerveau.
Cependant, tout comme la résistance à l'insuline, nous pouvons avoir une résistance à « trop de signaux de satiété ». Ainsi, à un moment donné, cela fonctionne moins bien.
8 : 00 - L'inflammation causée par l'accumulation de graisse
Pour acculer plus de graisse, soit on met plus de cellules graisseuses ou on laisse les cellules graisseuses gonfler, accumuler plus de gras sur chacune des cellules de votre tissu adipeux. Cela a tendance à comprimer les vaisseaux sanguins, étouffant un peu les graisses. Et là, les fameux signaux d'alarme sont envoyés « il y a quelque chose qui se passe ». C'est donc là que le système inflammatoire est mis en branle pour essayer de contrôler ou contrecarrer ce danger perçu. Cette inflammation est ce qui fait aussi que cela contribue à la résistance à l'insuline.
10 : 15 - Qu'est-ce qui peut faire descendre le cholestérol?
Les bons gras aident à faire descendre le cholestérol et surtout les triglycérides. Nous pensons souvent au mauvais cholestérol mais il y a aussi les triglycérides qui sont en cause. Les oméga-3 sont connus pour faire descendre les triglycérides. Il s'agit d'ailleurs d'un des facteurs du syndrome métabolique.
Je mentionnais plus tôt qu'il en faut au moins 3 parmi les facteurs suivants :
- Obésité abdominale
- Pression artérielle qui commence à monter
- Sucre qui commence à monter dans le sang
- Triglycérides qui montent
- Bon cholestérol qui a tendance à baisser
En améliorant le cholestérol, on diminue les risques de maladies cardiovasculaires. C'est pour cette raison que les médecins prescrivent beaucoup de statines (le médicament qui aide à baisser le mauvais cholestérol) parce que cela a des impacts importants sur le risque de maladies cardiovasculaires, c'est-à-dire les infarctus, l'artériosclérose, etc.
11 : 30 - Est-ce que ce médicament (statine) viendra régler le problème à la source?
Les statines empêchent le corps de produire du mauvais cholestérol, mais elles ne viendront pas jouer sur tout le reste du métabolisme.
Avec plus de bons gras - d'oméga-3 - dans notre alimentation, on améliorera l'état métabolique général dans l'organisme.
12 : 15 - Flore intestinale
J'ai lu quelque chose d'intéressant! Les oméga-3 semblent aussi améliorer la flore intestinale.
Qu'est-ce que la flore intestinale? Nous avons une colonie de bactéries. En fait, il y a plus de cellules de bactéries dans notre corps que de cellules de notre propre corps! C'est impressionnant. Il y en a dans la bouche, dans tout le système gastro-intestinal (moins dans l'estomac mais beaucoup dans l'intestin, le colon). Il y en a ailleurs aussi.
Nous appelons ça la symbiose. Nous avons évolué, nous nous sommes adaptés à fournir un environnement chaud, à nourrir et à abriter ces bactéries. En contrepartie, elles aident à la digestion car elles peuvent digérer des fibres non solubles, ce que nous n'arrivons pas à faire, car nous n'avons pas les mêmes enzymes que ces bactéries. Ainsi, la symbiose est le travail donnant - donnant : nous les abritons et elles nous aident! Elles produisent aussi des acides gras à chaînes courtes qui aident à contrôler le métabolisme.
13 : 47 - L'importance d'un microbiote diversifié
En diversifiant notre assiette, nous aidons les bonnes bactéries.
Les bactéries que nous avons dans l'intestin entraînent notre système immunitaire. C'est sûr que nous aurons un système immunitaire développé dans l'intestin puisque tout ce qu'on ingère, incluant les mauvaises bactéries, vont entrer dans l'intestin. Ainsi, notre système immunitaire est très développé au niveau intestinal pour protéger.
Les bonnes bactéries aident un peu à toujours être un tuteur pour le système immunitaire de l'intestin.
Avec l'âge, la diversité se dégrade et le système immunitaire aussi a tendance à baisser.
C'est donc une bonne chose d'aller vers le prébiotiques (donc ceux qui nourrissent les bonnes bactéries) et le probiotiques (bactéries externes qu'on avale avec un yogourt ou autres).
15 : 00 - Aliments fermentés et bonnes bactéries
Il s'agit d'une excellente source de bonnes bactéries dans la diète : yogourts, soya fermenté, choucroute, etc. Même les salamis, bien que ce ne soit pas la meilleure source de gras!! Effectivement, il y a de bonnes bactéries dans certaines viandes froides.
15 : 45 - Est-ce que le système immunitaire qui se développe dans notre intestin est le même que celui qui nous protège?
Oui, c'est une partie!
Nous en avons également dans les poumons évidemment. Tous les interfaces entre l'extérieur et l'intérieur sont les portes d'entrée des agents pathogènes (que nous appelons mauvaises bactéries, virus, etc). Il faut donc que l'on se protège. Nous avons un système immunitaire, mais aussi un système lymphatique.
16 : 30 - Pourquoi en vieillissant notre microbiote est-il moins en santé?
En fait, c'est notre système immunitaire qui s'affaiblit avec le temps. Donc, peut-être que le tuteur ne réussit pas à donner les bons signaux au système immunitaire. Je suis moins calé dans le système immunitaire...
Il y a un lien très étroit entre la diversité pas assez grande de notre flore intestinale... donc si on mange toujours les mêmes choses...
C'est bon d'avoir une diversité de bactéries dans notre intestin. Notre système immunitaire pourrait devenir paresseux s'il voit toujours les mêmes acteurs dans notre intestin.
18 : 28 - Lien avec l'inflammation et la perméabilité intestinale
En plus de la membrane cellulaire, les bactéries ont une paroi de plus que nous. Les composantes de cette paroi sont reconnues comme étrangères à notre corps, puisque nous n'en avons pas. Ce sont des lipopolysaccharides, donc des mélanges de sucres et de graisses qui forment une paroi autour de la cellule. Notre corps reconnaît ça comme étant un corps étranger donc va réagir avec l'inflammation encore une fois pour se protéger et pour détruire ou s'en débarrasser.
Lorsque l'intestin devient plus perméable avec des problèmes métaboliques, il y a plus de ces petits bouts de parois bactériennes qui vont se rendre dans le sang. Cela réveille le système immunitaire, cause de l'inflammation et aggrave tout.
Il y a un lien de plus en plus, et ce sont mes collègues à l'Université Laval, à l'INAF (Institut de la nutrition et des aliments fonctionnels) qui ont contribué à cette démonstration-là qu'un intestin sain, qu'un microbiote sain, va aider beaucoup à gérer mieux le métabolisme dans le corps.
20 : 00 - Qu'en est-il des polyphénols dans tout ça?
Les polyphénols qu'on ingère, il y a une partie qui est digérée parce que nous n'avons pas toujours les mêmes enzymes que les bactéries (comme je l'ai mentionné plus tôt), et ils produisent des petits dérivés des polyphénols. Nous n'avons pas tout compris encore, mais nous voyons que cela joue un rôle de plus en plus important pour aider à gérer le métabolisme et à favoriser la saine gestion des sucres et des graisses dans le corps.
22 : 45 - Est-ce que pierres au foie et pierres à la vésicule biliaire sont la même chose?
Oui! En fait, les pierres se développent souvent dans la bile et la bile est faite par le foie. Le foie, c'est un peu comme une éponge. Il y a des petits canaux qui convergent vers un grand canal qui s'en va vers la vésicule biliaire. La vésicule biliaire emmagasine la bile, la concentre, met plus d'alcalinité pour envoyer ça dans l'intestin après. Étant donné que c'est là où se concentre la bile, c'est plus souvent là que se forment les pierres au foie, mais elles peuvent se former et se loger dans différentes parties de ce qu'on appelle l'arbre biliaire, donc à l'intérieur du foie. Mais c'est beaucoup plus commun, que ce soit dans les tuyaux ou dans la vésicule biliaire. Comme cela fait partie du système du foie, c'est pour ça qu'on l'associe.
24 :00 - Stéatose hépatique, sucre et gras
En parallèle, si on ne diminue pas l'ingestion de sucre, cela ne va pas aider notre corps.
Encore un fois, si vous donnez du super et du régulier (analogie présentée plus tôt avec l'essence pour la voiture), notre corps va être habitué à utiliser le régulier et le favorisera. Le régulier, c'est le sucre si on veut. Les oméga-3, l'essence super qui encrasse moins l'organisme et qui favorisera, entraînera, notre corps à utiliser les graisses plutôt que les sucres comme sources d'énergie.
Chez les animaux, nous avons trouvé que cela aide à perdre du poids. Chez les humains, ce n'est pas clair, mais cela aide peut-être à accentuer une perte de poids lorsque l'on fait des changements alimentaires importants. De plus, cela peut aider à maintenir aussi. L'effet yo-yo, c'est ce que nous entendons toujours pour les gens qui tentent de perdre du poids. Les oméga-3 semblent pouvoir aider à maintenir le poids que nous aurons perdu. Mais ce n'est pas une baguette magique! Ce n'est pas en prenant 2 cuillères à thé ou à soupe d'huile d'olive que nous allons tout régler si on continue de manger des barres de chocolat et du McDonald's!
26 : 40 - Que peut-on demander dans nos paramètres sanguins auprès de notre spécialiste de la santé?
Le bon et le mauvais cholestérols. C'est assez standard lorsqu'on fait un bilan santé de regarder les gras.
En fait, c'est rare que les médecins demandent l'insuline elle-même. Lorsqu'elle reste élevée pendant la période de compensation, j'en avais parlé, le pancréas, lorsqu'il répond à ces montées de sucre et qu'il essaie de les contrôler, peut s'adapter pendant longtemps puis produire plus d'insuline pour contrer la résistance à l'insuline. Le corps réagit moins bien à l'insuline, ce qui fait que le pancréas va se dire « bon ben, je vais en mettre plus ». Lorsque l'on fait des tests sanguins, on peut déceler cette insuline un peu plus élevée. Cela donne un indice que la résistance à l'insuline est peut-être installée. C'est moins commun qu'on le fasse demander.
Il y a l'hémoglobine glyquée, HbA1c qui est un bon indice parce que le sucre se colle sur les protéines à peu près à 5 % normalement. C'est une molécule un peu oxydante qui va se fixer un petit peu sur les protéines, on en a toujours. On peut se servir des globules rouges. L'hémoglobine est la protéine qui transporte l'oxygène dans le sang et il y en a dans les globules rouges. Les globules rouges ont une durée de vie d'environ 6 mois. Ainsi, on peut voir la glycémie pendant 6 mois de temps. Si on regarde l'hémoglobine, combien de glucose est collé sur l'hémoglobine, cela donne un bon indice sur la glycémie, les sucres dans le sang pendant une bonne période, au moins 3 ou 4 mois. Cela donne ainsi une bonne idée du niveau de glucose dans notre sang pendant longtemps.
30 : 00 - Se prendre en main
Les gens ont des enfants, ils travaillent, ils manquent de temps. C'est sur cela que jouent toutes les choses qu'on entend et qu'on peut se faire livrer à la maison. Le système, malheureusement, ne nous aide pas. Oui, il faut se prendre en main, mais ce n'est pas facile parce que tout est fait pour le contraire, pour nous faciliter la vie, nous donner des choses qui goûtent bon.
32 : 00 - Vésicule biliaire retirée, quelques explications
Ce n'est pas si grave que ça. Tout ce que ça fait, c'est que ça enlève l'accumulation, la concentration de la bile puis « la chasse biliaire ». La bile, c'est comme du savon, elle aide à dissoudre les graisses afin que l'on puisse mieux les digérer et les absorber. Il y a une hormone qui est produite par les cellules de l'intestin qui envoie un message qu'il y a des gras dans l'intestin. Cela fera contracter la vésicule biliaire puis envoyer un jet de bile pour aider à digérer les gras. C'est ce qu'on perd lorsqu'on se fait retirer la vésicule biliaire; la bile continue de s'écouler du foie normalement, mais on perd ce jet de bile lorsqu'on mange et qui aide à la digestion. La bile continue d'être produite tout le temps par le foie.
C'est certain que c'est mieux de l'avoir, mais ce n'est pas dramatique. On peut vivre très bien sans vésicule biliaire quand-même.
34 : 30 - Les bonnes habitudes - le b.a.-ba
Dans le fond, les médicaments sont là, ils sont des béquilles parce que les gens ont de la difficulté à mettre en place les saines habitudes de vie.
On se bat contre l'avidité du corps vers le sucré et le gras. Nous sommes programmés pour aimer ça! L'industrie alimentaire, évidemment, va capitaliser là-dessus et donner ce que les gens souhaitent : quelque chose qui goûte bon, qui est sucré, qui est salé, qui est riche et onctueux. Mais il y a moyen de le faire avec les bons gras et c'est ça que j'aime de ce que tu proposes.
Simplement prendre des marches, ça s'accumule. C'est ce qui est merveilleux du système; 5 minutes par jour fait l'équivalent de 35 minutes par semaine. Tout ce que vous faites pour bouger : monter/descendre les marches, aller prendre une marche dehors, même le ménage (en le faisant un peu vigoureusement). C'est très important.
* Cette transcription des propos du direct est dans le but de vous permettre de retrouver facilement les thèmes qui vous intéressent et les informations que vous recherchez. Maison Jacynthe se décharge de toutes responsabilités. L’ensemble de l’information contenue sur cette page ne cherche pas à substituer un traitement allopathique, justifié ni écarter l’expertise du corps médical. Il revient à chaque individu de prendre en charge sa santé, de s’informer et d’apporter les changements nécessaires afin d’améliorer sa condition. La supervision thérapeutique, par un professionnel qualifié dans le domaine de la santé est évidemment suggérée.