TDAH ou plutôt, hypersensibilité

Écrit par: Jacynthe
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Publié le: 31 janvier 2024
TDAH ou plutôt, hypersensibilité

 

Il y a 16 ans, j'entamais les démarches pour créer une école alternative.

Trois ans plus tard, elle ouvrait ses portes.

J'y étais encore ce matin, comme aide-parent en classe, comme j'ai la chance depuis autant d'années, semaine après semaine.

Ainsi j'ai accompagné Louis puis Charles et maintenant Jonathan. Je suis directement témoin de leur évolution, de leurs défis, de leurs liens, de leurs besoins.

Dans le processus de création, alors que très activement (chaque semaine j'avançais; j'ai littéralement consacré trois années à ce projet) et passionnément je réunissais des parents intéressés pour les informer entourés de spécialistes qui nous éclairaient, et présentais à la Commission scolaire notre besoin à tous pour une école différente, on m'a invité à plutôt me joindre à un mouvement privé. Neni, je crois au public. ET j'avais raison d'y croire. Je ne crois pas que la qualité se réserve à une exclusivité. Je suis pour le contraire, sans dénigrer ceux qui choisissent autrement. On m'a confronté au programme international. J'étais alors très émotive et dans une assemblée pleine à craquer, j'ai pris le micro : «  Je suis allée au privé et à l'international, j'étais une première de classe, à la fin de mes études, je ne me connaissais pas, j'étais complètement perdue, ce n'est pas ce que je souhaite pour mon fils. » Laissons nos enfants être enfants. Ne leur imposons pas notre désir de performance, de rigidité, d'horaire trop chargé. L'alternatif a gagné de justesse. La mode est à la performance. L'absence de devoirs, d'examens, de notes laissent les parents dépourvus. Nous devons faire confiance.  

Après une année, avec une directrice, deux enseignantes et une autre parent (toutes toujours là!), à dessiner les valeurs sous-jacentes au milieu souhaité pour nos enfants, nous avons rencontré deux à deux les parents qui désiraient inscrire leurs enfants à notre école alternative. Et voilà la grande beauté très émouvante : tous les milieux se joignaient, du médecin au camionneur, de l'artiste au scientifique, tous les parents souhaitaient s'impliquer et accompagner leurs enfants dans ce cadre (oui un cadre bien dessiné, la liberté ne veut pas dire le laisser aller). 

J'ai écrit tout ceci sur cette réalité :

2013 - L'école alternative 

2014 - École de rêve, comment la fonder

2015 - Mon école et mes professeurs 

2018 - L'école alternative

2018 - L'école des Cheminots en quelques points

2018 -  L'école des Cheminots, la suite ...

2018 - L'école des Cheminots, le multiâge, l'Intimidation et les troubles d'apprentissages et de comportement

2018 - Pour répondre à vos questions sur l'école alternative

Aujourd'hui, semaine après semaine, même chaque matin alors que je croise un et l'autre, grands et petits, 13 ans plus tard, je suis aussi débordante d'émotions. Ce rêve ne pouvait être mieux réalisé. Hey : des adultes différents travaillent au sein de notre école, côtoient enfants et adultes au lieu d'être isolés dans un milieu sombre de travail à la chaîne. Voyez dans le film que j'ai produit pour la portée du partage de ces possibilités à quel point les rencontrer touchent, chaque fois. J'ai les yeux remplis d'eau chaque fois. Comme lorsqu'une maman raconte que son grand de 5e année, après son début à notre école, lui a dit le soir venu : « Savais-tu que j'étais intelligent? »

Et je constate aussi l'effet de ce programme différent sur mes enfants devenus grands. Leur sens des responsabilité, leur autonomie entre autres épatent et .... ils se connaissent. Quel temps gagné. Quel cadeau que même des adultes aujourd'hui n'ont pas.

 

Voilà pour la longue intro et mise en contexte, voici le sujet de mon nouvel élan du coeur.

 

Une personne en position d'autorité me convoque pour m'annoncer que mon fils a sûrement un TDAH mentionnant aussi à quelques reprises un TSA. Insistant même devant mon incompréhension comme si je n’étais pas capable de faire face à la réalité. Lisez-moi bien ici : je ne réagis pas par le diagnostic mais par le fait que cette personne n'est pas en position de faire un diagnostic et qui de plus, pose un mauvais diagnostic! 

Que j'étais fâchée. Je connais mon fils et je sais qu'il n'a ni un ni l'autre. Il a fallu quelques jours pour que je me calme : qu'on se permette, après quelques rencontres dans un tout autre cadre, de le diagnostiquer, de l'étiqueter, proposant une médication, déclenchait la lionne. Le lendemain, je recevais par hasard un cardiologue et sa famille. Au fil de nos échanges, je fis part de cet abus de rôle tout en prononçant mon inquiétude pour les parents dépourvus qui écouteront. Aussitôt, le cardiologue embarqua dans ma révolte tranquille mentionnant qu'il tente avec ses collègues de sonner l'alarme sur les troubles cardiaques, une fois adolescents, que peuvent causer la médication prescrite aux enfants avec TDAH. Je suis évidemment stupéfaite. Il me semble qu'on n'en entend pas parler. 
 
Comprenons-nous, je ne m'objecte en aucun cas contre la médication parfois essentielle, vitale. 
 
Laissez-moi continuer.
 
Nouvelle année débute. Je connais mes gars, je sais aussi qu'ils sont bien actifs. Je suis en classe avec Jonathan, je constate aussi qu'il fait des fusées avec ses crayons pendant les explications mais au final, il comprend et s'applique à la tâche une fois commencée. Je rencontre souvent son enseignante, c'est ainsi à l'alternatif, la porte ne se referme pas sur nos enfants, je sais donc ses défis au quotidien qui ont des répercussions pour tout. Et oui, il a toujours chaud. 
 
Puis, proposition grandiose révélatrice qui changera nos vies.  Une psychoéducatrice informée, curieuse, bien intentionnée, investie dans son travail, qui voit plus loin que la normale émet une supposition dans le but de proposer des outils à Jonathan : et s'il était hypersensible? Immédiatement, au contraire du rebut vécu avec l'étiqueteuse, ça sonne une cloche. ET on entame la conversation : ben oui, dès fois quand on rit c'est trop fort pour lui, dès fois certaines textures d'aliments génèrent un dédain, oui il touche à tout... ET comment ça peut résonner dans une situation de classe? Déjà nos classes sont atypiques, les bureaux bougent, le matériel n'est pas fixe, les groupes sont multiâges, on peut lire coucher sur un sofa ou à deux, etc. 
 
Mais quand un hypersensible - et ce n'est qu'une situation pour une personnalité précise, tellement de scènes sont possibles à partir de cette prémisse - n'assouvît pas son besoin, il peut alors embarquer dans la bulle des autres (et devenir agaçant), parler fort, faire du bruit, poser des questions à répétition, avoir la peau qui démange parce que ses sens le demandent. 
 
E si on essayait de l'inviter à deux périodes de calme chaque jour, seul avec une TES avec qui il choisirait des objets et activités lui permettant de se retrouver et à la fois, de jouer avec des élastiques?

Magique. Il peut par la suite être concentré.
 
Et si on lui remettait 4 petits bâtons pour 4 questions qu'il peut poser?

Magique. Il se lève, regarde son bâton, retourne sur ses pas, cherche la réponse par lui-même, se rassoit avec grande fierté.
 
ET si on établissait un langage avec lui, que seul lui et l'enseignante connaissent? Il a 4 jetons au tableau, son défi, les garder. Quand il « dérange », sans le culpabiliser, sans le ridiculiser, sans le rabaisser, l'enseignante enlève un jeton. Elle n'a même pas à se rendre jusque-là. Elle se positionne dessous, regarde tout simplement, et notre enfant comprend.

Magique. Par lui-même, il bougera son bureau pour s'éloigner de ce qui le distrait. 
 
Dans le conseil de classe, les autres enfants de 6-7 et 8 ans lui disent qu'il s'est amélioré (sans savoir quoi ni pourquoi ni comment), qu'il est valeureux.

Dans le travail à deux, on veut maintenant être avec lui. 
 
Résultat global, alors qu'il n'aimait pas aller à l'école, il me dit le soir au coucher : «  Je donne 8/10 à l'école, j'apprends, j'ai des amis. » 
 
Non mais. J'avais raison d'être outrée l'an dernier.

ET de tout mon coeur, je suis à jamais reconnaissante envers cette professionnelle de haut niveau qui a su reconnaître puis proposer des outils révélateurs, tout ça dans une école publique, avec un personnel (enseignante, psycho ed, TES) impliqué et si bienveillant, qui prend le temps, pas qu'avec mon Jonathan.

Quelques mois plus tard, on se revoyait à nouveau et notre constat à toutes : il sait maintenant - déjà à 8 ans - comment se prendre en charge et évoluer, avec grande fierté ET il se mélange comme tous les autres avec leurs belles différences.

Intéressée, j'ai voulu en savoir plus : « Les hypersensibilités sensorielles chez l'enfant et l'adolescent. » ET non l'hypersensibilité n'est pas un TSA. 
 
L'idée ici n'est pas de semer une controverse, ni de culpabiliser ceux qui doivent prendre la médication non plus. On la sait salutaire, et les spécialistes savent accompagner leurs patients.

L'idée, comme pour tout ce que je fais depuis l'écriture de « Respirer le bonheur » & le film « Grandir Heureux » est de laisser cette information pour le parent qui ne se reconnaît pas dans ce qu'on lui propose. 

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