Soleil, Oh Soleil!

Écrit par: Jacynthe
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Publié le: 23 juillet 2019
Soleil, Oh Soleil!

LE SOLEIL EST-IL DANGEREUX ? DEPUIS MAINTENANT PLUS DE 30 ANS, VOICI CE QU’ON NOUS EN DIT.

La couche d’ozone est plus mince et a des trous. Elle ne nous protège plus contre les rayons néfastes du soleil. Le soleil cause le cancer et le vieillissement accéléré de la peau. Il est dangereux! Un «bronzage santé» est une vue de l’esprit. Donc, selon cette vision des choses, il faut appliquer des écrans solaires à FPS (facteur de protection solaire) élevé au moins 30 minutes avant d’aller dehors. S’agit-il là d’un comportement réellement santé ; ou est-on en train de nous conditionner à adopter une conduite potentiellement néfaste ?

 

FILTRES ET ÉCRANS SOLAIRES : AMIS OU ENNEMIS ?

Cette question est très complexe, et la réponse n’est ni blanche ni noire. Il n’y a qu’une seule vérité absolue sur laquelle tous les intervenants s’entendent : il ne faut pas bruler. C’est la brulure du soleil qui est un facteur de risque des cancers de la peau (et encore, pas de tous les cancers de la peau). Le soleil est comme le vin : un peu, c’est bien, trop… c’est trop. D’ailleurs, au grand dam des vendeurs de crèmes solaires, la Société canadienne du cancer ne recommande plus d’éviter absolument toute exposition : « La lumière naturelle du soleil est essentielle à la vie ; toutefois, une exposition excessive aux rayons du soleil peut entrainer le cancer de la peau ou des problèmes oculaires. Un peu de bon sens sous le soleil peut faire beaucoup pour vous maintenir en bonne santé, vous et les vôtres. » On pouvait aussi lire, dans www.cyberpresse.ca du 25 mars 2009, cette nouvelle provenant de l’Agence France-Presse : « Nous avons trouvé que les femmes qui bronzent au soleil ont un risque 30 % plus faible de souffrir de caillots sanguins », a déclaré à l’AFP Pelle Lindqvist, professeur associé au département de gynécologie-obstétrique à l’hôpital universitaire Karolinska de Stockholm. Voici les résultats de 2 études qui montrent bien l’importance de l’exposition au soleil pour la santé.

 

EXPOSITION AU SOLEIL ET RISQUE DE MORTALITÉ

Des chercheurs suédois ont publié une étude durant laquelle ils ont suivi près de 30000 femmes âgées de 25 à 64 ans sur une période de 20 ans. Ils ont comparé le comportement des femmes par rapport au soleil et ont constaté que le fait d’éviter de s’exposer au soleil augmente par 2 fois (200 %) le risque de mortalité par rapport au fait de s’exposer régulièrement au soleil (1) . Ces chiffres sont intéressants, mais il faut se souvenir que l’étude provient de Suède, là où le soleil est une denrée rare. (À titre de comparaison, la latitude de Stockholm est située à 59 degrés alors que celle de Montréal est située à 45 degrés, donc beaucoup plus au sud.) Par contre, ils nous montrent bien la nécessité de l’exposition solaire pour la santé.

 

CRÈME SOLAIRE ET RISQUE DE MÉLANOME

Des chercheurs ont voulu évaluer l’effet de l’usage d’une crème solaire sur la prévention du mélanome. Leurs résultats furent pour le moins différents de ceux qu’ils prévoyaient. Lorsqu’on compare les personnes qui mettent toujours de la crème solaire à celles qui n’en mettent jamais, on constate que l’usage régulier d’une crème solaire semble augmenter le risque de mélanome malin d’environ 80 %. Cette augmentation du risque relatif est terriblement magnifiée chez les personnes qui rapportent utiliser les crèmes solaires pour rester plus longtemps au soleil, multipliant le risque par près de 9 fois (900 %) (2). L’explication la plus plausible de ces résultats tient probablement à un usage inadéquat des crèmes solaires. Lors d’une exposition prolongée au soleil, il est important d’appliquer la crème solaire plusieurs fois durant la journée, même si la crème choisie a un FPS très élevé. Mais ce n’est peut-être pas la seule explication…

 

LES INGRÉDIENTS DOUTEUX DANS LES CRÈMES SOLAIRES (3)

Les filtres solaires ne sont pas tous absolument sécuritaires. Des chercheurs montrent du doigt des effets dont on ne parle pas assez. Certains filtres peuvent avoir une activité œstrogénique qui s’ajoute à celles de la marée de perturbateurs hormonaux qui nous assaillent déjà. Certains sont instables à la lumière, pénètrent dans la peau, etc. Consultez l’encadré pour en savoir plus sur ces substances.

 

INGRÉDIENTS À BANNIR TOTALEMENT

PABA

Padimate O

Ces ingrédients ont déjà été abandonnés par beaucoup de fabricants, car ils sont allergènes. Ce que vous ne savez probablement pas c’est qu’ils ont aussi des propriétés « photomutagéniques », c’est-à-dire qu’ils peuvent engendrer des modifications génétiques dans les cellules de la peau sous l’effet de la lumière!

 

FILTRES AYANT UNE ACTIVITÉ ŒSTROGÉNIQUE (études sur des rats)  (4,5)

Benzophénone-1 (BP-1), benzophénone-2 (BP-2) 4-méthylbenzylidène camphre (4-MBC) Benzophénone-3 (BP-3 ou BZ-3 ou oxybenzone) 3-benzylidène camphre (3-BC) Octyl-méthoxycinnamate (OMC)

 

FILTRES INSTABLES À LA LUMIÈRE

Oxybenzone (benzophénone-3) Octyl-méthoxycinnamate (OMC)

 

FILTRES QUI TRAVERSENT LA BARRIÈRE DE LA PEAU

Oxybenzone (benzophénone-3) 4-méthylbenzylidène camphre (4-MBC) - faiblement Octyl-méthoxycinnamate (OMC) - faiblement Oxyde de titane (Selon la grosseur des particules : trop fines [nanoparticules], elles pénètrent dans la peau.)

 

LES BIENFAITS DU SOLEIL

 Le soleil est vital pour la santé. Dernièrement, on entend de plus en plus parler des nombreux bienfaits de la vitamine D. Cependant, en tant qu’habitants du nord de la planète, notre taux de vitamine D est souvent trop faible. Selon Santé Canada, 40 % d’entre nous n’avons pas un taux sanguin de vitamine D suffisant. Sans parler d’un taux optimal!

 Les UVB du soleil sont la seule source naturelle valable de vitamine D. Pour stimuler la synthèse de la vitamine D, la lumière du soleil est à son meilleur entre 10 h et 14 h entre mars et septembre. Par contre, c’est justement cette lumière-là qu’on nous enjoint d’éviter à tout prix, faute de quoi on pourrait éventuellement ressembler au poulet du Colonel… Il y a de quoi y perdre son latin…

LES BIENFAITS DE LA VITAMINE D

S’il faut le répéter, les UVB, ceux qui passent entre 10 h et 14 h, ceux qu’on prétend être les affreux dangereux, sont nécessaires à la fabrication de la vitamine D. La synthèse de cette vitamine est associée à :

  • moins d’ostéoporose • moins de cancers (incluant certains cancers de la peau) • moins de maladies cardiaques • moins de dépressions • un meilleur système immunitaire.

En fin de compte, il est surtout important de savoir comment notre peau réagit au soleil et de nous assurer de ne pas bruler. Pour fabriquer la vitamine D, nous devrions obtenir tous les jours une dose de soleil équivalente à une «dose minimale d’érythème». Cette dose de soleil est en fonction de votre teint (et de l’indice UV). Si vous êtes de type blond pâle ou roux et que vous brulez rapidement, cette «dose» peut n’être que de 4-5 minutes. Mais si vous êtes de type africain, avec un teint d’ébène, le soleil du Québec, même en juillet, risque de ne pas être suffisant.

 Autre facteur à considérer : la surface de la peau est importante pour la quantité de vitamine D. Si vous n’avez que les mains et le visage découverts, vous produisez moins de vitamine que si vous vous faites bronzer en maillot de bain.

 

AUTRES BIENFAITS DU SOLEIL

Les bienfaits du soleil ne se limitent pas à la vitamine D. Au-delà de la sensation de bien-être que procure le soleil et de la stimulation de la synthèse de vitamine D, l’exposition aux ultraviolets B entraine la formation d’autres substances dans le corps, notamment le lumistérol (6). La vitamine D et le lumistérol ont la capacité d’inhiber la formation de cancer induite par les ultraviolets (6). Ce mécanisme d’adaptation de la peau, grandement sous-estimé par les inconditionnels de la crème solaire, nous protège des dommages causés par le soleil. Ainsi, lors de l’exposition solaire, la peau dispose de plusieurs moyens de protection en produisant :

  1. de la mélanine (le pigment du bronzage) qui bloque la pénétration des UV;
  2. de la vitamine D et du lumistérol qui travaillent de concert pour minimiser l’impact des rayons dans la peau.

Attention, je ne dis pas que ces systèmes de protection sont infaillibles et qu’il n’est pas possible d’en excéder la limite d’efficacité. L’apparition d’inflammation et de coups de soleil nous avertit d’ailleurs lorsque nous dépassons cette limite.

 

PROFITER DES BIENFAITS, SANS LES MÉFAITS

Si le soleil était aussi dangereux que certains le prétendent, la race humaine aurait depuis longtemps disparu. L’évolution nous a fourni les outils pour bien utiliser et tolérer le soleil. Par contre, dans nos contrées nordiques (et selon les habitudes et les coutumes dans plusieurs pays chauds), comme le soleil n’est plus le compagnon de tous les moments qu’il était à l’aube de l’humanité, nous devons nous ajuster. Comme presque tout ce qui est bon, le soleil doit être pris avec modération, mais régulièrement. Ainsi, une exposition printanière prolongée a un effet néfaste sur notre peau, qui se traduit presque immédiatement par un vilain coup de soleil. Il faut donc user de jugement.

 Il existe des façons de se protéger naturellement des effets néfastes du soleil. Les crèmes et écrans solaires, utilisés intelligemment, demeurent des outils utiles et intéressants pour prévenir la brûlure du soleil. Oui, mais quel écran solaire?

 

LES BONS CHOIX D’ÉCRANS SOLAIRES

  • Les vêtements • Les lunettes solaires • Parsol 1789® alias avobenzone • Mexoryl® SX  •  Oxyde de titane (sauf les nanoparticules) • Oxyde de zinc

 

ET L’ALIMENTATION?

 L’alimentation joue un rôle important pour diminuer la sensibilité au soleil et augmenter les défenses contre les cancers. Mangez coloré, frais et surtout végétal, comme le propose Jacynthe, et vos défenses internes contre les dommages du soleil seront beaucoup plus fortes.

EN CONCLUSION Rappelez-vous que le soleil est important pour la santé. Il ne faut pas en avoir peur. Par contre, il ne faut pas non plus bruler. Les crèmes solaires (pas n’importe lesquelles) sont des outils utiles, mais pas tout le temps. Bref, ici comme ailleurs, la modération… Au plaisir de se rencontrer en plein air… à moins que le smog ne nous garde en dedans.  

 

Info sur : L’INDICE UV

Durant les bulletins météo, on nous bombarde avec l’indice UV sans vraiment nous l’expliquer. Cet indice est une méthode pour mesurer l’intensité des rayons ultraviolets qui, comme nous venons de le voir, sont bons pour la santé, mais uniquement avec modération. Quand on nous dit qu’un indice de 7 est élevé, il faut savoir par rapport à quoi. L’échelle de cet indice varie entre 0 (hiver) et 11+. (Il peut atteindre 15 au Sahara.) Vous comprendrez que si au Québec votre dose minimale d’érythème est de 1 heure, à l’équateur elle peut n’être que de quelques minutes. On en revient donc à la notion de ressenti, de connaitre votre tolérance au soleil, etc.

 

Références :

1. Schlumpf M, Schmid P, Durrer S, et al. Endocrine activity and developmental toxicity of cosmetic UV filters-an update.        Toxicology. 2004 Dec 1; 205(1-2): 113-22.

2.Schlumpf M, Durrer S, Faass O, et al. Developmental toxicity of UV filters and environmental exposure: a review. Int J Androl. 2008 Apr; 31(2): 144-51.

3. Dixon KM, Norman AW, Sequeira VB, Mohan R, Rybchyn MS, Reeve VE, Halliday GM, Mason RS. 1alpha,25(OH)₂-vitamin D and a nongenomic vitamin D analogue inhibit ultraviolet radiation-induced skin carcinogenesis. Cancer Prev Res (Phila). 2011 Sep;  4 (9): 1485-94. doi : 10.1158/1940-6207.CAPR-11-0165. PubMed PMID: 21733837. https://cancerpreventionresearch.aacrjournals.org/ content/4/9/1485.long

4. Westerdahl J, Ingvar C, Mâsbäck A, Olsson H. Sunscreen use and malignant melanoma. Int J Cancer. 2000 Jul 1; 87(1):        145-50. PubMed PMID: 10861466. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10861466

5. Lindqvist PG, Epstein E, Landin-Olsson M, Ingvar C, Nielsen K, Stenbeck M, Olsson H. Avoidance of sun exposure is a risk factor for all-cause mortality : results from the Melanoma in Southern Sweden cohort. J Intern Med. 2014 Jul; 276(1): 77-86. doi : 10.1111/joim.12251. PubMed PMID: 24697969. https:// www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24697969

6. Dubé, Catherine. « Été : sommes-nous bien protégés ? Crèmes solaires : Sauver sa peau, se protéger du soleil peut-il être nocif ? », Québec Science, 2006.

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