En route vers l'auto suffisance

Written by: Jacynthe
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Published on: March 30, 2016
En route vers l'auto suffisance

 

"...Je suis vraiment dans les serres froides de mon côté, je trouve ça vraiment passionnant. Ma mini serre intérieure est mieux installée que l’an dernier pour mes semis, je suis là-dedans.

Aussi je note les coûts d’épicerie depuis notre retour d’Argentine et réfléchis à l’économie domestique (on échange notre temps contre de l’argent avec lequel on achète ce qu’on n’a pas le temps de produire soi-même), et je trouve la réflexion sur les finances de la maison passionnante.

L’an dernier j’ai travaillé 6 mois sur 12 et j’ai fait une meilleure année que toutes les précédentes. Je réfléchis à tout ça et à comment faire pour faire mieux plus lentement.

Je lis aussi un livre passionnant sur le jardin vertical, c’est vraiment une bombe de productivité en petite surface.

Vas-tu à la grande bibliothèque toi? Je sais que c’est un peu loin de chez toi, mais avec un bébé dans un porte-bébé une bibliothèque tranquille c’est l’idéal, très reposant :) 

La bibliothèque offre l’avantage de rencontres fortuites plus intéressantes que les liens thématiques que nous proposent les sites web, je ressors tellement souvent avec des livres que je n’aurais même pas pu chercher tellement je ne pouvais concevoir qu’ils existent… Et il y a tellement de belles choses à lire sur ces sujets qui nous intéressent, j’ai pas assez d’une vie pour tout lire c’est clair. Ils ont une bibliothèque numérique de 30000 livres aussi, alors tu peux emprunter à distance.

Si tu le veux, j’aimerais faire une liste de lectures slow. Slowfood, simplicité volontaire et désencombrement, de l’ordre de la réflexion mais aussi en prolongement logique et pratique des ouvrages sur la conservation de la nourriture, les achats groupés, l’économie domestique… Dis-moi ce que tu en penses. Tout ce qui nous permet d’aborder la lenteur sous différentes lumières."

 

On cherche biologique parfois (souvent) pour soi d’abord, pour sa santé, puis on pense aux sols, au réchauffement climatique, à la pollution et la vitalité des aliments. On pense simultanément (ou avant ou après) au local, à la permaculture, à l’agriculture urbaine, qui nous ramènent encore à la santé de la planète mais aussi et tout autant (ou même sur-tout) à la santé des humains, des collectivités, de la nôtre qui se voisine si peu et qui décuple tondeuses, souffleuses et des milliers d’objets que l’on pourrait sans doute par-tager si on avait le temps d’y penser en travaillant moins, mieux, en courant moins pour générer ces revenus indispensables à l’achat de nos tondeuses et souffleuses. Dans la foulée on pense à notre consommation, à notre responsabilité de consommateur (et de pollueur) et on se dit qu’on peut faire mieux, autrement, avec moins. Récupération, recy-clage, troc, gaspillage alimentaire, zéro déchets, moins de pétrole. Et en pensant à tout ça on repense notre vitesse, on pense à ralentir, on redécouvre l’économie domestique, notre façon d’échanger notre temps contre de l’argent et de devoir tout acheter ensuite pratiquement sans autonomie, on pense au mouvement slow, à la simplicité volontaire, à l’impact du stress dans nos vies et à ce à quoi nous consacrons notre temps, en se demandant si vraiment le meilleur de nous-mêmes va à ceux que nous aimons le plus. On se demande ce qu’on veut vraiment, on envie des pans de culture disparue, on veut réapprendre des savoirs ancestraux, sans retour dans le temps mais en faisant autrement, dans un nouvel équilibre.

 

Simplement parce que la lenteur est une autre vitesse, une super vitesse.

 

Alors parfois rendu là, à cet endroit où je me trouve, on se met de plus en plus à penser à l’auto-suffisance. Cette idée d’accroître sa liberté en dépendant moins du système agro-alimentaire, cette résistance qui se déploie dans un mouvement de protection, de pré-servation et de restauration de ce qui nous entoure. Cette façon de voter plusieurs fois par jour.

 

Les sujets qui touchent l’auto-suffisance sont vastes et nombreux, mais voici quelques références de lectures qui furent marquantes pour moi, fascinantes et passionnantes:

 

  • Culture maraîchère:

Le jardin écologique, Yves Gagnon, éditions Colloïdales

Un ouvrage fabuleux 30 ans d’expérience de jardinage mise à profit de cet ouvrage qui nous permet de comprendre les rotations de culture, la vitalité des aliments et surtout, la constitution d’un sol, la base des principes de permaculture. J’ai lu bien des livres de jardinage, mais jamais je n’ai aussi bien compris comment arriver à comprendre et gérer mon sol, le compost, les engrais verts et les rotations de culture. Les jardins du portage sont aussi un superbe semencier où vous approvisionner. **Plusieurs autres ouvrages intéressants à son actif;

Le jardinier maraîcher, Jean-Martin Fortier, éditions écosociété

Encore une fois une la synthèse d’une expérience exhaustive de culture biologique en petite surface, avec une maximisation de l’espace (parfois 4 cultures différentes en un an sur un pied carré) et une application de principes de permaculture doublée d’un souci de rentabilité qui a fait développer certaines techniques de culture particulières qui prolon-gent la saison de culture québécoise en nous faisant la démonstration de la viabilité des petites fermes familiales en biologique.

The winter harvest handbook: Year Round Vegetable Production Using Deep-Or-ganic Techniques and Unheated Greenhouses, Eliot Coleman, Chelsea Green Publis-hing

Fortier s’y réfère souvent, Eliot Coleman est le spécialiste américain de la serre froide, du « growing on the back of the calendar », en produisant des légumes sans apport de chauffage (sauf pour une serre de germination) 11 mois sur 12 dans l’année, dans le Maine. Un ouvrage qui encore nous fait bénéficier de 30 ans d’expérimentation, avec des calendriers de semis précis et des courbes de croissance modifiée et explicites pour les cultures hivernales, sans oublier une histoire de la culture maraîchère française, à une époque où Paris s’autosuffisait et nourrissait même l’Angleterre de ses légumes produits sous cloches de verres et en serres froides. **Tous ses ouvrages sont intéressants, il va sans dire, mais non-traduits en français à ma connaissance;

 

  • Homestead:

 

Le homesteading tire son origine du Homestead Act de Roosevelt, effort politique pour peupler les contrées lointaines américaines: construisez votre maison, vivez-y en auto-suffisance 5 ans et nous vous donnerons la terre (c’est très schématique mais c’était en gros l’idée, qui fut appliquée aussi dans certaines régions du Canada aussi).

Pour des raisons pratiques (je vis en ville) je me suis intéressée au homesteading de petite surface: une application des principes de permaculture sur une superficie de 1 acre (ou plus) permet de cultiver, de fertiliser son sol, de produire son compost, ses paillis, bref de s’approcher au maximum d’un milieu de vie balancé en cercle fermé.

Plusieurs ouvrages américains traitent de homesteading en petite surface, et j’ai bien aimé:

 

One Acre Homestead: Planning for self-sufficiency and financial independence, Sara Simmons McDonald

Dans ce livre, l’auteure nous expose sa démarche, ses essais-erreurs, réfléchit le homes-teading et s’intéresse à l’économie domestique de façon très intéressante, liant de ma-nière logique autosuffisance et indépendance financière. Une réflexion très intéressante sur la façon dont nous choisissons de gérer notre temps, de l’échanger contre de l’argent avec lequel nous devons ensuite acheter ce que nous n’avons pas eu le temps de faire nous-mêmes.

 

  • Agriculture urbaine:

 

On peut trouver bien des ouvrages sur l’agriculture urbaine, mais je vous suggère cet ouvrage qui traite de votre jardin mais qui pousse la réflexion plus loin, au coeur de la question d’autosuffisance de notre communauté, du manger local. Une activiste alimen-taire qui squatte les terrains vacants municipaux, les bordures de parcs, les terrains pri-vés, pour planter des légumes clandestinement:

Food Not Lawns: How to Turn Your Yard into a Garden and Your Neighborhood into a Community, Heather Jo Flores

  • Gestion des ressources et organisation:

 

Natural Kitchen, Your Guide to the Sustainable Food Revolution, Deborah Eden Tull

Après 7 ans de résidence et de travail en cuisine et aux jardins d’un monastère zen, des expériences diverses de permaculture et d’agriculture en toutes sortes de milieux et aux quatre coins des Etats-Unis, l’auteure revient à Los Angeles et doit mettre à profit son savoir au sein de sa communauté et gagner sa vie. Elle deviendra sustainability coach et rédigera ce livre. De l’utilisation de l’énergie solaire en cuisine au zéro déchet, à une réflexion profonde sur le sens des choses en passant par la permaculture, l’organisation écologique et sans gaspillage de la cuisine, ce livre nous fait faire un parcours surprenant et stimulant, en nous présentant aussi d’autres parcours que le sien qui nous permettent de repenser le nôtre… Naturellement.

 

Réflexion sur les questions de nourriture et d’Agriculture….

 

Question de renforcer la détermination, d’étoffer la réflexion ou de renouveler la motiva-tion, je suggère deux lectures:

Consumed: Sustainable Food for a Finite Planet, Sarah Elton

Comment nourrirons-nous la population mondiale en 2050? L’auteure rencontre des fa-milles des quatre coins du monde, retrace au fil de portraits concrets l’histoire des chan-gements de culture apportés par l’agriculture industrielle et nous présente de superbes exemples de résistance d’agriculture biologique… Et locale.

Bringing It to the Table: On Farming and Food, Wendell Berry

Un recueil d’essais rédigés des années 70 aux années 2000, qui réfléchissent de manière tellement pertinente, brillante, aux impacts de l’agriculture industrielle auxquels nous semblons venir de nous intéresser dans la dernière décennie. Oui l’appauvrissement des sols, mais pas seulement: la perte de sens de communauté, la capacité de production réelle d’un territoire, le bétail choisi par la terre et non l’inverse, le changement apporté par le tracteur et plusieurs exemples de réussites de pratiques traditionnelles à petite échelle.

Je ne peux le dire assez, à quel point il s’agit d’une réflexion importante, d’une lecture passionnante et éclairante. J’y suis arrivée par Natural Kitchen, et quand j’ai ouvert le jardin écologique W. Berry était cité en exergue… Si je voulais faire un jeu de mot facile je dirais une permalecture.

 

Bonne lecture!

 

... et quelques deux-trois jours plus tard, Julie me revient:

"J’ajoute à la liste de lecture deux livres; le deuxième est moins directement lié à l’autonomie, mais quand même, mieux vaut avoir les idées claires et moins de dépenses inutiles pour avoir du temps et viser l’autonomie, alors le désencombrement et la simplicité volontaire sont assurément connexes ou à tout le moins complémentaires à la quête d’autonomie alimentaire:

Made from Scratch: Discovering the Pleasures of a Handmade Life, Jenna Woginrich

Rien de scientifique mais l’histoire d’une fille en ville qui voulait une autonomie sans attendre de vivre en homesteading à sa retraite… Une lecture pleine d’humour en plus, où l’auteure nous relate ses essais-erreurs sur la route de l’autonomie en nous donnant des trucs pour élever des poules, des abeilles et s’auto-suffire en culture maraîchère.

 

Aussi, toi qui aime Dominique Loreau, as-tu lu: Le pouvoir étonnant du rangement: désencombrer sa maison pour alléger sa vie par Marie Kondo? Une autre approche complètement: la qualité de l’émotion apportée par l’objet qui détermine si on garde ou non -elle dit « mettre en joie ». Elle est consultante au Japon (en quoi, comment dire…. En ménage?) et aide les gens à se sortir de leur marasme.

 
Mon apprentissage le plus éclairant (mis à part de me questionner sur la joie que mes objets m’apportent ou non): plier le contenu des tiroirs à la verticale. Exemple les t-shirts, par ordre de couleur comme une palette, à la verticale comme un tiroir contenant des CD. Plus jamais de fouillis et tu vois tout en l’ouvrant d’un coup d’oeil, vraiment une révélation pour moi, de la même importance que le jardinage à la verticale quand on a une petite cour et de grands besoins de fruits et légumes. "

 

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