École de rêve, comment la fonder

Written by: L'équipe Maison Jacynthe
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Published on: October 10, 2014
École de rêve, comment la fonder

"Matin de bonheur dans une merveille d'école: je donne mon heure comme le font toutes les familles, je suis dans la classe de mon ainé, pour l'accompagner lui et ses amis dans leur "je compose" ou leur "problème de la semaine", Louis m'explique tout, me montre ses accomplissements, les commentaires de ses professeurs avec qui j'ai aussi l'occasion d'échanger. J'adore! J'adore voir chacun de ces enfants penchés sur le travail, s'entraidant, se questionnant. Je descends après mon implication pour espionner mon plus jeune, Charles, qui vient tout juste d'avoir 5 ans! Dans sa classe de maternelle, 3 papas sont en train d'aider le professeur. WOW!!!! Charles est aussi investi que son grand frère et je suis la plus heureuse. Hier soir: "maman, merci d'avoir fait cette école, je l'adore". Merci la vie!

À la suite de ce statut, ou des autres que je publie ici et là sur Facebook, vous posez des questions et en désirez autant pour votre famille. Chaque jour que je me pose dans cette école de rêve depuis les 5 dernières années, je m'émerveille, je suis émue ... chaque fois. Encore hier, je m'exclamais: "que c'est beau".La veille, je croisais Paula, une enseignante qui semblait rêvasser à la fin des classes: "qu'est-ce que tu es sereine!" "Je repensais aux élèves dans la période de lecture, c'était si beau. C'est ainsi, moment après moment. Je n'aurais pu rêver d'autant.

"J'ai vu ton Charles aujourd'hui à la bibliothèque et il était le même soleil qu'il est dans sa maison."

Lorsque j'ai pensé à une école différente pour Louis, je souhaitais qu'il garde l'éclat dans ses yeux, son émerveillement, son désir d'apprendre (naturel aux enfants avant qu'on leur impose performance, stress,  horaires d'adulte, etc. Lorsque Marie-Pierre m'a parlé de l'éclat de Charles nouvellement écolier, je fus instantanément comblée. N'est-ce pas ce que tout coeur de parent souhaite? Un prolongement naturel de la maison. Alexandre, lui, au service de garde me faisait remarquer, au 2e jour de la rentrée scolaire: "aucun enfant ne pleure, n'est déchiré". C'est donc vrai. Fallait-il s'arrêter pour observer que même mon Charles, que je trouvais bien trop jeune pour commencer (il avait 4 ans encore), a pris possession des lieux aussi confortablement que de son salon? Entouré d'êtres exceptionnels, de parents dévoués, de professeurs de vocation. Si je suis incertaine, je peux m'en assurer en le suivant, en restant avec lui et ses nouveaux amis, toujours accueillie par son enseignante.

Début de la réalisation:

Après avoir constaté la perte de lumière d'enfants entrés à la maternelle, pleurant jour après jour, j'ai eu, il y a 8 ans, une révélation. Mon garçon avait 3 ans, je faisais des routines de respiration et me laissait être par la suite, allongée, détendue. Ainsi "les idées" pouvaient arriver. Ainsi, l'image d'une école différente est entrée dans mon esprit. Je voyais une petite école de rang, un professeur qui jasait avec ses écoliers, assis directement sur le plancher de bois, s'adonnant à des étirements aussi, ou prenant joie à la lecture d'une histoire. Dans la cour de récréation, un cochon. Les enfants couraient, heureux... comme se doit d'être un enfant avant d'être adulte.

Je désire cette école pour mon fils. Le voeu est présent, je pars sur sa route.

Je le dis à mon entourage, on me conseille de me concentrer sur ma carrière.

Je n'entends pas, je suis têtue et centrée sur mon nouveau rêve.

Le lendemain, je suis en tournage d'un film et je rencontre la maman de Guillaume Lemay-Thivierge. Au détour d'une conversation, elle m'apprend qu'elle, avec d'autres parents, quelque 30 ans plus tôt, avait fondé une école pour son fils. :) !!! :) (Si vous avez lu mon livre "Respirer Le Bonheur", voilà un indice clair de la vie qui m'invite à continuer ma quête!)

"Ah? Ça se fait donc?" "Oui, il suffit de se rassembler entre parents désireux d'une école différente, alternative".

Une école alternative. J'en ai vaguement entendu parler. Qu'est-ce? Je m'en vais donc en visiter une rapidement. Aussitôt entrée dans ses murs, je constate l'éclat dans les yeux des enfants, la couleur au mur, la présence des parents, le brouhaha de la vie, des écoliers, partout, dans les couloirs à mesurer des distances, ou encore, monopolisant un autre coin investis à un dossier, interpelant l'aide des plus grands pour un projet. WOW! je suis éblouie.

Je rencontre Monique, la directrice: "Je souhaite avoir une telle école pour mon fils".

Elle pousse un soupir et s'exclame: "Oh! ce n'est pas facile, ça prend du temps."

Mon espoir grandit, je n'entends pas les obstacles, je vois la porte ouverte et le chemin qui se dessine! (Chapitre 10, toujours dans "Respirer le Bonheur." :) Du temps, j'en ai. Au pire, j'enseignerai à la maison en attendant mon école de rêve.

Suivant cette visite, Josée, professeure, me contacte: Monique m'a dit: "Je me joins à toi". (La vie me parle très fort et m'envoie des indices très clairs!)Je ne suis plus seule. À deux, c'est mieux!!!

Ainsi, nous visitons d'autres écoles alternatives pour s'inspirer des possibilités. Nous questionnons Pierre du Réseau des 32 écoles alternatives du Québec. D'autres professeurs se joignent à nous et je profite d'un passage à la télé pour parler de mon rêve d'école où on laisse l'enfant être enfant, où chaque pointure est valable et respectée. Des dizaines de parents m'écrivent. Dès lors, je réunis ceux de la région chez moi, sur mon balcon, dans ma cuisine. Toujours par dizaines, nous échangeons sur nos désirs pour nos amours et nous visitons, chaque mois, les commissaires pour leur rappeler notre besoin d'une école différente. Le poids du nombre est important. La commission scolaire est élue et se doit de répondre aux besoins de la population.

Ça prend de l'énergie? Oui. Mais la passion des autres parents et enseignants l'entretient. On peut se décourager? Non. Pas si on est centré sur les besoins de nos enfants. Cela demande investissement en temps, passion. J'en ai fait ma mission de vie (avec raison) à rassembler toujours plus de parents, à enquêter, à répondre aux questions, à réunir sous forme de soirées d'informations avec des experts en la matière, à ne pas lâcher la commission scolaire... même si...

Un joyeux commissaire (parmi la trentaine à convaincre), après 18 moisd'un tel investissement passionné, lève la main et dit: "il y a un besoin pour une école différente, Jacynthe et sa liste de dizaines de parents le démontrent bien. Mais pourquoi pas une école internationale?" Mon coeur s'est arrêté. Pardon?

Mais le commissaire avait parlé. Ce sont eux qui décident après tout. Et la performance est à la mode. Alors pourquoi pas l'international? Au diable les besoins d'enfants, rassurons plutôt les parents dans une ère où la stimulation à outrance est de mise. Organisons un débat. La belle idée.

Ainsi, l'amphithéâtre se remplit à craquer de centaines de parents en interrogation sur le meilleur pour leur enfant. Et Jacynthe, on te demanderait de ne pas prendre le micro lors du débat. Pardon? N'est-ce pas moi qui ai initié cette démarche? On ne veut pas savoir pourquoi? Quels sont mes motifs après tout?

 

 

 

J'ai évidemment pris le micro, enceinte et émotive comme on peut l'être quand il est question de l'environnement et du sort de nos protégés. J'ai expliqué que j'étais une graduée de l'international. Par contre, mes études ne m'ont pas permis d'apprendre à me connaitre. Je ne savais pas, mon BAC en mains, ce que j'aimais (drame de plusieurs adultes) ou comment me débrouiller en société, échanger ... la base. Je souhaitais pour mes fils qu'ils apprennent, de par leur initiative, à se développer au sein d'une mini-société, par des expériences simples aussi (à l'opposé d'un système de tutorat unidirectionnel). Voir les différentes personnalités naitre, des personnages uniques s'animer.  Suggérer des outils d'apprentissage, et non les imposer. Laisser choisir, offrir la possibilité d'être responsable, autonome. L'enfant est intéressé d'apprendre, naturellement, l'adulte l'accompagne. Voilà un mode extrêmement puissant.

Mon coeur a percé le mur des préjugés de plusieurs courageux parents sur place qui ont pris le risque pour cette approche non traditionnelle (malheureusement) et ces valeurs naturelles. Ils ont fait gagner le vote. Une chance parce qu'il était très serré. On ne se questionne pas assez. On suit le courant, la mode du toujours plus, du bombardement de stimulis, question d'en avoir pour notre argent. Mais on ne parle pas de ce qui est réellement bon pour l'enfant (pour le parent oui, continuellement), des bases à consolider propices à son épanouissement (confiance, amour, attention, rythme, calme, etc.) . Saviez-vous que 70 % des écoliers au primaire sont fatigués et que 30 % font de l'insomnie? Au primaire! Causées par la performance sollicitée. Non mais, la vie, elle est où?

Ce sont des dizaines de témoignages que j'ai reçus dans les semaines suivant l'ouverture de l'École des Cheminots à Delson. Des familles transformées, revenues au naturel, à l'harmonie. Des enfants qui apprenaient doucement à s'ouvrir, s'épanouir, et même, des enfants sauvés.

Je vous encourage évidemment sur cette voie et vous souhaite un ciel aussi étoilé que le nôtre, car ce qui fait la différence de ce milieu merveilleux, ce sont oui les parents investis et bouillant de talents diversifiés partagés et surtout, les enseignants qui font différemment en prenant le temps.

À retenir:

  • se réunir entre parents (invités à l'aide de médias régionaux par exemple) qui souhaitent une école différente;
  • visiter les commissaires souvent, ne pas les lâcher (cela peut prendre 2 ans);
  • questionner, visiter, rêver;
  • lorsque la commission scolaire accepte votre projet, le créatif s'amorce et le magique s'opère: vous pourrez participer de façon active aux valeurs et à la politique de votre école (s'accorder un an pour la dessiner).
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